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Espoir de concurrence dans les télécoms français

L’arrivée de Télé2 sur le marché français sera probablement à marquer d’une pierre blanche. La filiale de l’opérateur suédois aura pris de court l’ensemble de la profession avec une offre aux antipodes des pratiques admises jusque-là dans l’Hexagone.

Cette offre risque de modifier en profondeur le contexte d’une concurrence dont les rouages se sont grippés dans les méandres de péripéties politiques, juridiques et réglementaires dont l’Autorité de régulation tente ? tant bien que mal ? de réguler une complexité qui a mis depuis belle lurette le « client-roi » au placard. L’ouverture des services du « 4 » de Télé2 est une bonne nouvelle car les clients de l’opérateur suédois ne seront pas les seuls à pro?ter des baisses de cette offre : de nombreuses entreprises ont en effet prévu dans leurs contrats des clauses de « protection tarifaire » qui obligent leur fournisseur à s’aligner sur les prix du marché. L’offre en question se distingue par sa simplicité (exemple : tarioecation des appels nationaux sur la base d’un tarif unique appliqué dès la première seconde) et son coût particulièrement bas. Ainsi, Télé2 lance l’appel longue distance en France à 0,37 F HT la minute, de jour comme de nuit.

À titre indicatif, rappelons que France Télécom facture l’appel national longue distance 0,83 F HT en heures pleines alors que MCI-Worldcom, qui a l’une des offres les plus attractives, vend la même minute 0,53 F HT. La baisse de prix fait dire à Pierre-Henri Drevon, directeur d’Esprit Télécom, que l’opérateur suédois « vend à perte et déstabilise les entreprises ». En fait, le modèle de développement de Télé2 est simplement différent : l’opérateur lance son offre via le « 4 » immédiatement sur tout le territoire et à un prix apte à capter dans de brefs délais des millions d’abonnés, y compris les entreprises. Car, la faible marge oblige l’opérateur à se rattraper sur le nombre d’abonnés.

Les consultants ? qui vendent aux entreprises leur connaissance de la complexité des offres ? sont eux-mêmes pris de court. C’est le cas de Gilles Bragadir, président d’Optitel, qui attend de voir comment cette nouvelle offre sera vendue aux entreprises avant de se prononcer. Pour sa part, Philippe Beliaeff de TS Consulting estime que c’est un « pari marketing de la part d’un opérateur qui sait ce qu’il fait ». Le « modèle de concurrence à la suédoise » fera-t-il bouger les choses en France ? Tout le laisse croire, même si certains attendent un peu pour se prononcer. Quoi qu’il en soit, les grilles tarifaires risquent de valser dans les prochains jours. Esprit Télécom, qui a revu sa grille au début du mois, vend actuellement la minute nationale à 0,59 F HT. Pour sa part, Cegetel a commencé à réagir en modi?ant le message publicitaire de son offre 7Pro, sans toutefois rivaliser vraiment avec l’offre de Télé2. Alors que le marché semble reprendre une dynamique certaine avec l’entrée en force de Télé2, le débat sur la technique du « dégroupage » est relancé. Cette technique ? appliquée avec succès en Allemagne, au Danemark, en Hollande et en Finlande ? intéresse au plus haut point les PME car elle conditionne leur accès aux solutions hauts débits (Internet rapide, vidéo à la demande, etc.). Nécessitant des investissements non négligeables, elle permet aux opérateurs alternatifs de faire des offres globales (incluant le traoec local) en se branchant directement sur le répartiteur principal de l’opérateur historique, au lieu de se connecter sur le commutateur d’abonné ou le commutateur de transit, comme c’est le cas aujourd’hui. Faudra-t-il changer la loi des télécoms ou suffira-t-il d’appliquer les directives propres à l’interconnexion entre opérateurs pour appliquer le dégroupage en France ? Impossible de le dire. Ce qui est sûr, c’est que France Télécom y est farouchement opposé.

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