Systèmes d’exploitation mobiles, moteurs de recherche, places de marché, réseaux sociaux, kiosques applicatifs… L’UE devra s’assurer que les plates-formes jouent un rôle de passerelle vers l’économie numérique et non qu’elles en soient les gardiennes.
En mai dernier, à mi-parcours de son mandat qui doit s’achever le 31 octobre 2019, la Commission européenne avait reçu des recommandations dans ce sens, par le biais d’une lettre dont Hans-Holger Albrecht et Daniel Ek, CEO respectifs de Deezer et de Spotify, étaient signataires.
D’autres dirigeants du secteur de la musique en streaming – dont Dénis Thébaud, patron de Qobuz – s’étaient joints à cette démarche, aux côtés de patrons du numérique comme Oliver Samwer (Rocket Internet) et Stéphane Distinguin (Fabernovel).
Pointant l’influence grandissante desdites plates-formes sur la vie des citoyens européens « et sur tous les aspects de l’économie », les intéressés avaient exprimé la crainte d’abus de position dominante, notamment au travers des restrictions sur l’accès à certaines données.
À l’heure où Bruxelles s’apprête à présenter des mesures de lutte contre les clauses contractuelles et les pratiques commerciales abusives dans les relations entre les plates-formes et d’autres entreprises, Hans-Holger Albrecht et Daniel Ek remontent au créneau.
Le Financial Times se fait l’écho de leur nouvelle lettre adressée au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et cosignée par d’autres entreprises de la distribution numérique, dont des développeurs et des éditeurs de jeux vidéo.
Le portail britannique de comparaison de prix Foundem, à l’origine de la plainte qui a mené à la lourde condamnation de Google, est aussi dans la boucle.
Le groupement demande à pouvoir évoluer « sur le même terrain de jeu » que des plates-formes américaines qui prennent une commission sur les achats… et confèrent par là même un avantage concurrentiel à leurs propres services.
Il exige que Bruxelles, qui prévoit notamment de clarifier les mécanismes de recours pour les sociétés dont les services seraient déréférencés, aille « au-delà de simples exigences de transparence ».
Deezer, Spotify et consorts* ont formalisé leur alliance le mois dernier, sous le blason Digital Music Europe.
Le lobby, que pilote Hans-Holger Albrecht, a l’ambition de peser auprès des régulateurs européens sur plusieurs réformes en cours, du droit d’auteur au géoblocage.
En 2016, le streaming a représenté, selon la Fédération international de l’industrie phonographique, 59 % des revenus de la musique numérique au niveau mondial, soit environ 4,5 milliards de dollars (+ 60,4 % par rapport à 2015).
En France, le Syndicat national de l’édition phonographique lui attribue le tiers de la valeur créée sur un marché de la musique enregistrée à 450 millions d’euros (+ 5,4 %).
* SoundCloud, 7Digital, Qobuz et Soundcharts en sont les autres membres.
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