La Bibliothèque nationale de France vient de lancer Europeana, « un prototype de bibliothèque en ligne ». Avec plus de 12 000 ouvrages actuellement disponibles (dont 7 000 français, 400 hongrois, 1 000 portugais) en version image ou en mode texte via « l’océrisation » (méthode de reconnaissance optique de caractères), la BnF fait figure de pionnière en Europe. Non contente de convertir les documents avec un taux de reconnaissance de 96 % (un coût de 7 euros pour 300 pages), la BnF numérise à un taux proche de la perfection (99,8 %) afin d’obtenir la meilleur restitution possible en ligne de certains ouvrages (dictionnaires, encyclopédies…) ou parties d’ouvrages (index…).
Les choix éditoriaux s’articulent autour de trois axes majeurs dont le patrimoine national (documents historiques), les programmes à vocation internationale (presse, juridique, généalogie et langue) et une bibliothèque française sur l’Europe sous toutes ses formes (documents d’origine et d’aspect variés ayant l’Europe comme déterminant commun).
Europeana tire quelques leçons du web 2.0
Simple et évolué à la fois, Europeana tire quelques leçons du web 2.0. Un formulaire de saisi des termes recherchés constitue l’outil principal du site, appuyé par différents filtres de sélection par critères (époque, langue, provenance) ou thèmes (histoire & géographie, philosophie, économie?). Une fois le document trouvé, la navigation s’effectue comme dans un fichier PDF traditionnel avec différents niveaux de zoom, une recherche par mot-clé, un sommaire, des aperçus, etc. Il y a surtout la possibilité de sauvegarder, d’imprimer ou d’envoyer par e-mail le document consulté.
Se trouve également un espace personnel permettant à tout un chacun de marquer et d’organiser ses documents préférés selon ses affinités. On note également une fenêtre de tags qui, à l’image de ce que l’on trouve sur les blogs, affichent en plus gros les thèmes les plus consultés. La version disponible est un prototype qui présenté au public à l’occasion de l’ouverture du Salon du Livre de Paris (du 23 au 27 mars 2007).
Europeana compte faire savoir qu’il est possible de numériser à l’échelle européenne sans passer par Google ou Microsoft. Pour la BnF, il n’est pas question d’hostilité mais plutôt de diversité. Les intérêts de firmes américaines ne peuvent toujours coïncider avec ceux des états membres, surtout en matière culturelle. Pour Jean-Noël Jeanneney, Président de la BnF, Europeana marque « un changement de rythme et une amélioration qualitative de l’offre « .
L’internaute est guidé par un fil d’Ariane éprouvé en bibliothèques afin d’éviter « le vrac à la Google » et d’offrir un meilleur confort lors de la consultation.
100 000 nouveaux ouvrages par an
Le projet soutenu par l’actuel président de la République a bénéficiée d’une enveloppe de 3 millions d’euros pour l’année 2006, étendue à 10 millions d’euros pour l’année en cours. Ces investissements du ministère de la Culture et de la Communication permettent de numériser en masses les documents (100 000 nouveaux sur l’année) et surtout « d’océriser » près des deux-tiers des ouvrages disponibles dans Gallica (la version numérique en ligne de la BnF).
En ce moment, la BnF étudie avec IBM différentes solutions pour numériser en masse à moindre coût. Les objectifs sont clairs : la numérisation en cours depuis décembre 2006 avec les sociétés Jouve et Diadeis s’achevant en septembre 2007 doit couvrir 30 000 ouvrages. La dernière consultation en date (20 février 2007) prévoit l’adjonction de 100 000 ouvrages par an pendant trois ans n’est pas encore définitive mais donne le ton.
La BnF rappelle au passage qu’elle est en étroite collaboration avec le Syndicat du Livre pour trouver un schéma économique qui convient aux deux parties afin de proposer un maximum de références fraîches.
La BnF souhaite donc impulser un mouvement numérique européen malgré les accords de certains états membres avec des grands noms américains, elle profite d’Europeana pour tester son futur outil de consultation que sera Gallica 2.0.
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