Existe-t-il une alternative au MP3 ?
Nombreux sont ceux qui voudraient bien détrôner le MP3. Et les forces en présence sont redoutables. Microsoft a pondu le WMA qui techniquement, surpasse le MP3. Real Networks, inventeur du streaming, affirme qu’il en est de même pour la dernière mouture de Real Audio. Apple n’est pas en reste. On pourrait également parler du MP4 et de Liquid Audio… Autant de formats qui n’ont pourtant pas réussi à entamer la préférence des internautes pour le MP3. Et le dernier-né Vorbis a bien peu de chance d’y parvenir.
En juin dernier était annoncée l’arrivée d’un énième format musical : le Vorbis (extension .ogg). Pour vanter ses qualités, les développeurs ont argué du fait qu’il serait libre de droit. Et oui… On ne le sait pas toujours, mais le MP3, que certains assimilent à de la musique gratuite, a fait l’objet d’un brevet de son créateur, l’Institut Fraunhofer, et ce dernier en a vendu la licence à Thomson Multimédia. Résultat, les fabricants de baladeurs MP3 payent 50 cents par unité vendue. Mieux encore, les éditeurs de logiciels d’encodage doivent verser 5 dollars pour chaque produit vendu. C’est la raison pour laquelle, là où les logiciels de lecture du MP3 sont gratuits, la plupart des encodeurs (AudioCatalyst de Xing, Mpegger de Proteron…) sont payants : environ 30 dollars. Les musiciens qui désirent placer leurs oeuvres sur un site n’y voient pas d’inconvénient, la qualité du codage étant essentielle.
Différentes qualités d’encodage
En effet, le MP3 est mal adapté aux instruments acoustiques générant des harmoniques (même note à l’octave supérieure) tels que la guitare ou le piano. Telle quelle, la méthode de calcul du MP3 les associe de façon à former une seule fréquence. Leur sonorité risque alors d’être aplatie. Certains encodeurs en freeware, tels que mp3Enc et BladeEnc, convertissent donc médiocrement ce type de sonorité là où Audiocatalyst, plus intelligemment conçu, les transcrit avec fidélité. Mais on peut aussi se tourner vers le célèbre Music Match Jukebox qui propose une fonction d’encodage de haut niveau sans faire payer l’internaute, son éditeur étant rémunéré par la publicité sur son site.
Quant à la diffusion, il semble y régner un flou artistiquement entretenu. Tous les diffuseurs officiels de MP3 en ligne, qu’il s’agisse de FranceMP3, MP3.fr ou Real Networks, se disent très étonnés qu’on leur pose la question. Finalement, personne ne leur a jamais demandé le paiement de droits.
Vorbis prétendait donc détrôner le MP3 en arguant d’une qualité audio plus proche du CD mais surtout, de la gratuité de l’encodage. Ses développeurs revendiquaient leur filiation au GPL, la fameuse licence de distribution des logiciels libres, dont le plus célèbre est bien sûr Linux. Seulement voilà, le développement de ce format dépendait de la manne financière apportée par le site de diffusion de Webradios, iCast, et ce dernier vient de fermer. Vorbis est donc en panne de subsides.
Le MP3 est désormais la norme musicale de l’Internet
On pourrait arguer que le temps d’un format alternatif est révolu. Le MP3 est devenu, bon gré mal gré, la norme musicale d’Internet tout comme le VHS a été quinze années durant celle de la vidéo. Tous les logiciels qui savent lire un fichier musical quelconque prennent en compte le MP3 et il en va de même pour les baladeurs, assistants numériques et autres appareils mutants (appareil photo, montres…). La guerre des formats est terminée, tout comme elle a cessé pour les fichiers graphiques (TIFF, Jpeg et Gif l’ont emporté là où 250 formats se battaient en 1990). Désolé pour Vorbis. L’heure des formats, c’était hier. Les internautes ont déjà gagné la piste de danse et les pulsations rythmiques ont comme un goût de MP3.
Note sur l’auteur :
Journaliste, écrivain, spécialiste de la musique numérique, il a signé plusieurs livres sur le sujet dont Génération MP3
(éditions Mille et Une Nuits).