Du 5 juin au 8 octobre 2007 se tient sur le toit de la Grande Arche à Paris La Défense une exposition temporaire sur l’histoire de l’informatique professionnelle entre 1940 et 1990 : AntéMémoire, présenté comme le Musée de l’Informatique Professionnelle.
A l’origine de cette initiative, Philippe Nieuwbourg, qui exerce une activité de consultant en CRM, explique avoir eu le déclic il y a environ deux ans quand il a présenté à des étudiants un modem acoustique des années 1980 qui relevait pour eux de l’objet non identifié.
Il s’est alors lancé dans une collection, amassant environ 700 objets sur des sites d’enchères, auprès de contacts professionnels, etc. Bien sûr, ces objets ne sont pas tous des ordinateurs : on trouve également des logiciels, des supports de stockage, des périphériques, etc. C’est une partie de ces collections qui est exposée sur 400 m2 plutôt aérés.
On y trouve des objets des années 1920 comme des calculatrices, des cartes perforées utilisées quelques dizaines d’années plus tard et puis on arrive aux machines qualifiées à l’époque de « familiales » : un ZX81 de Sinclair, un TO7 de Thomson, un PET de Commodore, un TRS-80 de Tandy. Un peu plus loin, des Apple : Apple 2, Apple 3 et Lisa 2. En serrant un peu les meubles, il aurait été possible d’exposer des machines qui ont marqué l’époque : l’Amstrad CPC, l’Atari ST ou le fabuleux Amiga de Commodore.
Les PC ne sont pas oubliés, bien sûr avec un IBM pur souche mais aussi quelques portables compatibles pouvant aller jusqu’à 15 kg. Les machines sont assez classiques en fait. Un Apricot portable retient toutefois l’attention ainsi que quelques vieilleries. Le clou du spectacle est sans doute une grosse armoire, l’IBM 2301 des années 1970, qui dans ses 1,50 mètres de haut et 400 kg permet de stocker environ… 5 Mo !
Volonté d’ouvrir un vrai musée permanent
Lors de la soirée d’inauguration qui s’est tenue le soir du 6 juin, Philippe Nieuwbourg a annoncé qu’il ouvrirait pour la fin de l’année 2007 le premier musée informatique d’Europe. C’est oublié le musée Bolo ouvert en 2002 dans les locaux de la prestigieuse Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse. En France, il se murmure aussi que des fonctionnaires des musées nationaux auraient l’idée de faire de même en rachetant une des plus grosses collections privées d’Europe (plusieurs milliers de pièces).
L’organisateur de l’exposition de La Défense a voulu faire vite. Et cela se ressent sur la qualité. Plusieurs reproches reviennent souvent dans le public : certaines machines sont sales, beaucoup n’ont aucune fiche de présentation, aucune n’est allumée. Au moins une d’elle (un TO7) a même un fil d’alimentation coupé, ce qui choque les quelques collectionneurs présents. Compte tenu du nombre de TO7 utilisés dans les écoles, il était possible d’en trouver un plus présentable…
Soutien d’associations passionnées de l’informatique
Dans la liste des partenaires, on retrouve les associations parisiennes MO5 et WDA bien connues dans le milieu des collectionneurs justement et qui oeuvrent depuis plus d’une dizaine d’années à la création d’un musée dédié à l’informatique en essayant de faire bouger l’administration avec les difficultés qu’on imagine.
WDA organise du 19 juin au 13 juillet prochain une exposition avec la mairie de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) consacrée à l’histoire de l’informatique nomade. MO5 est notamment en train de constituer une collection d’ordinateurs pour la Bibliothèque Nationale et expose régulièrement ses machines ici où là (par exemple, ce sont eux qui sont derrière la vaste collection de consoles de jeux vidéo actuellement exposée au musée des Arts Décoratifs à Paris et une partie des ordinateurs au Musée des Arts et métiers à Paris).
Le stockage des pièces chez MO5 est fait sous la surveillance d’un conservateur des musées nationaux. Les conditions sont draconiennes pour éviter que le matériel ne soit abîmé, néanmoins la collection est assez importante pour que des doublons de modèles courants circulent sur des manifestations à travers tout le territoire, pleinement utilisables par le public.
En ajoutant MO5 et WDA à sa liste des partenaires, Philippe Niuewbourg gagne donc en crédibilité. Mais lorsqu’on demande aux responsables de ces deux associations en quoi consiste le partenariat, on apprend qu’il n’existe pas vraiment : les deux associations ont bien proposé leur aide (matériel en prêt, fiches descriptives déjà rédigées, etc.) mais aucune suite n’a été donnée en face !
L’entrée de l’exposition est gratuite mais, pour y accéder, le seul moyen est de prendre l’ascenseur… payant. Le billet étant de 9 euros (7,50 euros pour les étudiants), cela risque de faire cher au bout du compte. A l’inverse pour les 20 000 visiteurs mensuels revendiqués par le toit de la Grande Arche venus profiter du panorama, cela sera peut être la cerise sur le gâteau et un moyen de faire découvrir un patrimoine trop longtemps négligé.
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