Facebook : « Le désespoir des investisseurs à la hauteur des plus-values escomptées »
Pourquoi l’action Facebook est chahutée en Bourse ? Un éclairage de Sandy Campart, directeur de l’IUP « Banque-Finance-Assurance » à l’Université de Caen Basse-Normandie (efficience des marchés, économie de l’innovation).
ITespresso.fr : Facebook a manqué de transparence sur quels points ? Peut-on s’attendre à une réaction ferme des autorités de régulation ?
Sandy Campart : Les plaintes déposées concernent en premier lieu le prospectus boursier présentant l’opération aux acheteurs potentiels.
Il est jugé avoir été « préparé avec négligence » et de ne pas avoir « révélé des données clé sur les activités de Facebook et ses perspectives ».
Rappelons cependant que les informations contenues dans ce prospectus ont été soumises à la Securities and Exchange Commission avant d’être communiquées aux investisseurs.
La SEC est l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers.
Une autre série de plaintes pointe « que pendant la présentation de l’opération aux investisseurs, les principales banques en charge de l’opération avaient abaissé leurs prévisions et que cette information n’avait été communiquée qu’à une poignée de gros investisseurs, pas au grand public ».
Cette infraction boursière semble plus préoccupante.
De plus, la révision à la baisse de Morgan Stanley, JPMorgan et Goldman Sachs aurait été réalisée à la demande de Facebook et serait intervenue au moment même où elles relevaient la fourchette d’introduction.
ITespresso.fr : Dans quelle mesure ce fiasco va-t-il avoir des conséquences pour le développement et le business de Facebook ?
Sandy Campart : Une introduction en bourse s’accompagne toujours d’une perte d’autonomie dans la conduite des affaires pour l’équipe dirigeante en place.
Même si Mark Zuckerberg conserve la majorité des droits de vote, ses choix stratégiques devront être validés par la communauté financière sous peine de ne plus pouvoir réaliser de levées de fonds sur les marchés.
Dans un contexte fortement baissier du cours des actions, il est à craindre que les problématiques de court terme prennent l’ascendant sur les projets originaux mais risqués de long terme qui sont les seuls à même de répondre aux objectifs de résultats annoncés lors de l’introduction.