Facebook face aux élus européens : avantage à Mark Zuckerberg
Les élus européens s’entretenaient ce mardi avec le patron de Facebook. Nombre de leurs questions sont restées sans réponse, notamment en raison du format de la session.
Face à Mark Zuckerberg, Emmanuel Macron fera-t-il mieux que les élus européens ?
Le président de la République doit s’entretenir ce mercredi à 17 h 30 avec le patron de Facebook, à l’occasion du sommet Tech for Good, qui réunira à Paris une cinquantaine de dirigeants du numérique.
Les discussions seront-elles aussi « franches » et « rudes » que l’a promis l’Élysée ? Difficile de ne pas s’interroger au lendemain de l’audition publique organisée à Bruxelles.
Plusieurs des treize parlementaires ayant participé à la session l’ont reconnu après coup, à l’image de Jan Philipp Albrecht (groupe des Verts / Alliance libre européenne) : la montagne a accouché d’une souris.
Les élus ont posé de nombreuses questions, dont certaines sur des points que Mark Zuckerberg n’avait pas éclaircis le mois dernier lors de son passage devant le Congrès américain.
L’intéressé n’a toutefois pas eu l’occasion d’y répondre. Le format de la session y a été pour beaucoup : il lui restait à peine vingt minutes pour s’exprimer après que les parlementaires l’eurent interrogé tour à tour, sans dialogue.
Des questions sans réponse
Président de l’Alliance des démocrates et des libéraux, Guy Verhofstadt a fait remarquer à quel point la forme – proposée par le Parlement européen – avait contrarié le fond.
Today’s pre-cooked format was inappropriate & ensured #Zuckerberg could avoid our questions. I trust that written answers from Facebook will be forthcoming. If these are not accurately answered in detail, the EU competition authorities must be activated & legislation sharpened.
— Guy Verhofstadt (@guyverhofstadt) 22 mai 2018
Mark Zuckerberg a, par exemple, répondu très évasivement sur un sujet abordé à plusieurs reprises, notamment par Syed Kamall (Conservateurs et réformistes européens) : les « shadow profiles » résultant de la collecte de données sur des internautes non utilisateurs du réseau social.
Tout au plus le dirigeant a-t-il invoqué des raisons de sécurité, sans préciser si les données concernées étaient exploitées à d’autres fins et dans quelles mesures les personnes concernées pouvaient s’y opposer.
Damian Collins est président de la commission à la culture, aux médias, au sport et au numérique au sein du Parlement britannique. Lui qui a échoué à plusieurs reprises à faire témoigner Mark Zuckerberg à Londres regrette également le déroulement de la session.
54 minutes into the European Parliament’s session with Mark Zuckerberg and he has not answered a single question. It is clear why he refused to appear in front of @CommonsCMS
— Damian Collins (@DamianCollins) 22 mai 2018
Monstre numérique ?
Parmi les autres questions restées sans réponse figure le partage de données entre Facebook et WhatsApp. Et, par extension, l’éventualité d’une séparation des deux services.
Manfred Weber (Parti populaire européen) est allé plus loin sur ce point en ouvrant la porte à un démantèlement du groupe américain. Guy Verhofstadt a embrayé en demandant à Mark Zuckerberg s’il estimait que Facebook était en situation de monopole. Non sans ajouter : « Demandez-vous comment on se souviendra de vous. Comme […] Steve Jobs et Bills Gates […] ou comme [le] créateur d’un monstre numérique qui détruit nos sociétés ? ».
Le CEO s’est montré un peu plus expansif sur la lutte contre les fake news, rappelant que son entreprise a supprimé « 580 millions de faux comptes au dernier trimestre ». Une lutte qui, lui a rappelé Nicolas Bay, ne doit pas être une excuse pour restreindre la liberté d’expression. Le vice-président du Front national faisait référence au groupe d’extrême-droite Génération identitaire, dont les pages ont été bloquées « sur décision unilatérale », affirme-t-il.
Nigel Farage est allé sur le même terrain. Le président du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe estime que le nombre de vues et d’engagements sur les opinions « centristes et de droite » ont significativement baissé depuis une modification de l’algorithme survenue en début d’année.