« L’argent a besoin d’un 06 ; pas d’un RIB. »
PayPal avait émis ce commentaire en septembre 2016 lors du lancement, en France, d’une fonctionnalité de paiement P2P intégrée sur son site Web et dans son application mobile.
Facebook prônait la même logique à l’heure d’amorcer, en juin 2015 aux États-Unis, le déploiement d’un service similaire de transfert de fonds de particulier à particulier accessible au travers de sa messagerie instantanée.
La firme reste discrète sur l’usage qu’elle a pu observer, préférant mettre en avant un sondage en ligne réalisé avec Ipsos sur les attentes des Français dans le domaine du paiement.
Valeur émotionnelle liée à l’acte de remboursement, expérience « frustrante » liée à l’utilisation encore majoritaire des chèques… Le contexte est posé pour mener l’offensive dans l’Hexagone.
Fraîchement arrivé de Londres, où il avait fait la même annonce la veille, le patron de Messenger au niveau mondial a tenu à préciser que « toutes les banques » sont dans la boucle.
Contrairement à PayPal, Messenger ne fait pas office de porte-monnaie électronique : les fonds sont transmis de compte à compte – avec des délais pouvant aller jusqu’à 48 h selon les établissements – en s’appuyant sur les cartes bancaires.
Mettant en avant une infrastructure hébergée dans un environnement séparé du reste du réseau social, avec un suivi assuré par une équipe antifraude, Facebook affirme ne prélever aucune commission et « prendre en charge les éventuels frais de carte bancaire ».
Soumis aux règles de protection des consommateurs, le service n’est accessible qu’aux titulaires de comptes détenus dans des établissements français. Pour les opérations transfrontalières, on nous recommande des solutions comme celle de TransferWise, basée sur un bot.
Pas non plus de trace de PayPal*, devenu depuis peu, sur le marché américain, une option supplémentaire aux côtés des cartes bancaires, parallèlement à l’ouverture d’un bot pour le service client.
Au rang des absents figure aussi le dispositif 3DSecure, considéré comme « trop contraignant en termes d’expérience ». Lui a été préférée, pour chaque transaction, une authentification par code PIN ou empreinte digitale. Sachant qu’une vérification d’identité peut se révéler nécessaire pour des opérations jugées « à risque ».
Facebook en a profité pour monter des passerelles avec M, du nom de cet assistant virtuel destiné à suggérer des actions en rapport avec les conversations.
David Marcus l’assure néanmoins : l’objectif est d’intégrer, « verticale par verticale », des services tiers, comme c’est déjà, outre-Atlantique, le cas avec Spotify et Apple Music pour la création de listes de lecture collaboratives.
En l’état, il s’agit surtout de laisser les utilisateurs prendre la main et de gagner leur confiance, vu le contexte d’intervention de M « dans des conversations à caractère privé ».
C’est précisément cet aspect qui fait dire à Facebook que Messenger a toute sa place face au développement des assistants domestiques à commande vocale, en tête desquels Google Home et les Echo d’Amazon : une interaction écrite s’imposera d’elle-même dans certaines situations.
Facebook peut par ailleurs miser sur la communauté que fédère Messenger : 1,3 milliard d’utilisateurs actifs par mois au dernier pointage, pour 100 000 développeurs.
Ces derniers s’étaient vu ouvrir la plate-forme en avril 2016, dans le cadre de la conférence annuelle F8. Au fil des mois, ils ont pu accéder aux réponses rapides, aux modèles génériques ou encore à une technologie de reconnaissance du langage naturel.
* PayPal propulse aussi la fonctionnalité d’envoi d’argent que Skype a lancée cet été dans une vingtaine de pays dont la France.
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