La paix, la liberté, la connaissance, la prospérité… Facebook est prêt à bousculer les pouvoirs régaliens pour « construire le monde que nous voulons ».
Fondateur et principal dirigeant du réseau social, Mark Zuckerberg évoque cette « mission » dans une lettre à sa communauté – qui approche, au dernier pointage officiel, des 2 milliards de membres.
Estimant important que l’humanité « ne s’unisse pas seulement en cités et en nations », il ambitionne de « développer l’infrastructure sociale qui permettra de créer une communauté globale ».
La formulation est habile : texto, Facebook ne cherche pas à supplanter les institutions traditionnelles, mais à « [les] renforcer, à l’heure où la confiance que leur accordent les citoyens faiblit ».
La communauté qu’esquisse Mark Zuckerberg présente d’autres caractéristiques. Elle est « sûre », capable d’apporter de l’aide en temps de crise ; « informée », donnant une voix à chacun ; « engagée », stimulant l’implication politique ; et « inclusive », reflétant les valeurs collectives.
« Facebook n’a pas réponse à tout, mais je suis persuadé que nous avons un rôle à jouer », résume le trentenaire.
Sur l’aspect sécurité, il met en avant la nécessité d’actions plus coordonnées face a des menaces « globales […] qu’aucune nation ne peut affronter seule ».
Au-delà des possibilités que Facebook offre en matière de communication et de diffusion d’information, la plate-forme doit aussi permettre d’anticiper les risques, des suicides aux disparitions d’enfants.
Les systèmes d’intelligence artificielle concourront à cet objectif. Notamment à travers l’analyse des photos et des vidéos, « encore au premier stade », comme le reconnaît Mark Zuckerberg, non sans évoquer, en parallèle, le cas du terrorisme, pour différencier les contenus informatifs de la propagande.
Et en temps de crise ? Affirmant avoir activé « près de 500 fois en deux ans » son dispositif Safety Check, Facebook précise avoir ajouté des outils permettant d’offrir le gîte et le couvert en cas d’urgence. L’idée est désormais de développer des solutions d’aide sur le long terme, par exemple en temps de guerre.
Rappelant que « la sécurité, c’est aussi la vie privée », Mark Zuckerberg insiste sur l’intégration, dans WhatsApp et Messenger, du chiffrement de bout en bout. Il mentionne aussi l’effort communautaire qui a permis de lever un fonds de 15 millions de dollars pour l’aide aux victimes du séisme au Népal.
Concernant le caractère « informé » de la communauté, tout est une question d’équilibre.
« Les réseaux sociaux offrent une diversité de points de vue plus grande que les médias ont jamais pu offrir », assure Mark Zuckerberg, tout en soulignant l’importance de garantir une compréhension mutuelle.
Dans cette optique, il ne s’agit pas simplement de donner des « points de vue alternatifs ». Les membres de la communauté doivent pouvoir se faire une « image complète » des faits.
Le combat contre les « fausses news » se poursuit sur un principe : plutôt que de se concentrer sur la suppression de la désinformation, mettre en avant « d’autres perspectives » et signaler lorsqu’une actualité est controversée.
Autre écueil : ce que Mark Zuckerberg qualifie de « sensationnalisme », déplorant son caractère « réducteur ». Il estime que les contenus qui entrent dans cette catégorie pourraient être plus efficacement filtrés en analysant le comportement des membres du réseau social : lisent-ils lesdits contenus avant de les partager ? Et s’ils le font effectivement, sont-ils, après lecture, toujours aussi susceptibles de partager ?
Non sans clamer qu’il « faudra améliorer les modèles économiques sur lesquels se fondent les médias », le patron de Facebook en arrive à la question de l’engagement politique : comment encourager le vote, le suivi des politiques locales et l’établissement de processus de décision collective ?
Déclarant avoir « aidé plus de 2 millions d’Américains à s’enregistrer sur les listes » pour la dernière présidentielle, Mark Zuckerberg prône la mise en place d’un dialogue entre les citoyens et les pouvoirs publics. Il donne, à cet égard, l’exemple du Premier ministre indien, qui a demandé aux membres de son gouvernement de partager leurs agendas sur Facebook. Ou encore le cas de l’Islande, où il est commun de citer, dans des discussions de groupe, des hommes politiques.
Quant au caractère « inclusif » de la communauté, il doit consister en la possibilité, pour tous, de s’impliquer dans la gouvernance.
Reconnaissant que la notion même de réseau social a « bien évolué », du lieu de discussion entre amis à la plate-forme « où s’expose le discours public », Mark Zuckerberg ne nie pas la nécessité de faire « évoluer les normes culturelles de la communauté ». Il considère toutefois qu’il est difficile de concilier les points de vue, sur des thématiques comme la nudité, qui « froissera moins les Européens […] que les Asiatiques ».
Il s’agirait, dans cette optique, de demander à chaque membre comment il perçoit tel et tel type de contenu. Pour ceux qui n’effectueraient pas ce paramétrage, s’appliqueraient les choix de la majorité des membres situés dans la même zone géographique, « comme lors d’un référendum ».
Crédit photo (Mark Zuckerberg et le Premier ministre indien Narendra Modi) : Facebook
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