Facebook soupçonné de biais politique sur les « trending topics »
Le Sénat américain demande des clarifications à Facebook, accusé d’introduire un biais politique dans ses « contenus populaires » (« trending topics »).
Facebook est-il bel et bien neutre dans son traitement de l’actualité ?
Le Sénat américain en doute.
Par le biais de son Comité au commerce, aux sciences et aux transports, il a adressé, ce mardi 10 mai 2016, une lettre à Mark Zuckerberg.
Le fondateur du réseau social a deux semaines pour clarifier la situation*, trouble depuis ce lundi et la publication, par Gizmodo, d’un article laissant entendre que le tri des sujets populaires – rubrique « trending topics », lancée en janvier 2014 – n’est pas simplement le fruit d’un algorithme objectif.
Dans l’absolu, Facebook ne nie pas l’intervention de ses équipes pour contrôler la sélection effectuée par la machine. Mais selon son vice-président à la recherche Tom Stocky, cette validation a posteriori vise uniquement à éviter les doublons, les canulars et les contenus insuffisamment sourcés.
Ce n’est pas ce que prétendu cet ex-employé du réseau social qui a déballé son sac auprès de Gizmodo.
Ce dernier assure que plusieurs personnes sont chargées de faire remonter « artificiellement » certains sujets que Facebook juge dignes d’intérêt, même s’ils font pas, dans les faits, partie des plus populaires.
Il affirme par ailleurs que des contenus à tendance conservatrice ont été éjectés des « trending topics ».
Il n’en a pas fallu plus à la Chambre haute du Parlement (à majorité républicaine) pour se saisir du dossier. D’autant plus que Mark Zuckerberg a dernièrement vilipendé la politique de Donald Trump – probable candidat républicain à la présidentielle – sur l’immigration.
« Toute tentative, de la part d’un média social qui se dit neutre, de censurer ou de manipuler des contenus en fonction d’une sensibilité politique, constitue un abus de confiance et pose contradiction avec les valeurs d’un Internet ouvert », résume le sénateur John Trune (Michigan, Parti républicain), qui préside le Comité au commerce, aux sciences et aux transports.
Et d’ajouter : « C’est une question de transparence et d’honnêteté. Il est inadmissible de tenter de tromper les Américains ».
Harry Reid, sénateur démocrate du Nevada, n’a pas le même point de vue, selon Reuters : « Le Sénat […] refuse d’organiser une audience dans le dossier Garland [du nom d’un juge fédéral dont Barack Obama a proposé la nomination à la tête de la Cour suprême, ndlr] et rejette le plan d’aide proposé par le président contre le virus Zika, mais pense que faire un procès à Facebook est urgent pour l’intérêt national ».
Du côté de Facebook, plusieurs voix plus ou moins concordantes ont démenti ces allégations.
Accusant réception de la lettre, la société Internet de Mark Zuckerberg assure qu’elle va « étudier la question, réexaminer [ses] pratiques sur les ‘trending topics’ et prendre des mesures correctives si nécessaire ».
* Le Sénat cherche notamment à savoir qui a la main sur la validation des sujets populaires et dans quelle mesure Facebook a défini des règles de conduite pour ses équipes de curation (Tom Stocky assure qu’il en existe et que leur application est strictement surveillée).
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