Faut-il avoir peur de s’engager dans l’ASP ?

Mobilité

Un engagement à long terme avec un ASP (Application service provider) est imprudent, assène Giga Information Group. Le cabinet de consultants explique qu’une vague de consolidation s’abattra bientôt sur l’industrie de la location d’applications en ligne. La consigne ? Attendez avant de vous abonner pour un an?

Giga Information Group conseille aux entreprises d’adopter le système économique de l’ASP ? la location d’applications en ligne sur abonnement ou en paiement à l’utilisation – uniquement pour les applications ou processus d’affaires qui ne souffriraient pas trop en cas de dysfonctionnement, comme par exemple, le courrier électronique et non les ERP (Enterprise resource planning).

Le modèle ASP implique que les applications soient externalisées : c’est-à-dire hébergées et délivrées en ligne par un prestataire spécialisé. D’une part parce que dans ce modèle de « fournisseur unique pour de multiples utilisateurs » les risques de conflits entre ces fournisseurs d’un nouveau type et leurs clients sont légion : performances du service, qualité ou fonction du logiciel ou du matériel, atteintes aux droits d’auteur ou à des droits exclusifs, défaillance du service, perte ou altération de données. Et que l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle ? l’OMPI ? et l’ASPIC, le Consortium des ASP, travaillent encore à la création de procédures de règlement de litiges? (voir édition du 9 mai 2000) Et d’autre part, selon les analystes, parce qu’un investissement à long terme est imprudent : « A la fin de l’année 2001, beaucoup d’ASP n’existeront plus sur le marché sous leur forme actuelle, » affirme Pascal Matzke du Giga avant d’ajouter « Je ne vois que six ou sept ASP en Europe. Et ils ont si peu de clients qu’on ne peut vraiment parler de diffusion one-to-many. Je ne pense pas que la majorité ait plus de un ou deux clients – seuls 10% des ASP en Europe font vraiment des affaires ».

En Angleterre, le décollage de l’ASP a été lent. BT offre l’application d’ERP (ressources humaines, finance et feuilles de paie) SAP R/3 en ligne depuis deux ans et compte seulement cinq clients. La théorie des ASP ? Les entreprises prendraient un an de plus pour se décider face à une offre de services de location d’applications en ligne plutôt que les trois mois de cycle d’adoption prévu? Dans l’Hexagone, le marché tarde également à décoller : récemment, IBM et Citrix déclaraient vouloir en accélérer la croissance (voir édition du 13 juin 2000) Toutefois, le paysage de l’ASP se structure encore à coup de partenariat entre les opérateurs et les géants de l’informatique (voir édition du 12 avril 2000 et du 26 mai 2000) car seuls ces géants peuvent investir massivement dans les infrastructures ? télécommunications et centres d’hébergement ? avant que le secteur ne soit véritablement rentable.