Fibre optique : la concurrence pure et parfaite, un mythe qui va faire capoter le déploiement
Tribune libre de Sébastien Crozier, Président de la CFE-CGC/UNSA Télécoms, à propos du déploiement de la fibre en France.
La querelle que se livrent les opérateurs et le régulateur sur les règles de déploiement de la fibre optique est en train de démontrer que « livrer » un marché aux règles de la concurrence ne fonctionne pas pour le secteur des télécommunications.
Les télécommunications relèvent en effet de ce que les économistes appellent un « monopole naturel ». Sur le fixe, les investissements sont tels qu’il n’y a aucun intérêt économique à déployer plusieurs réseaux. Sur le mobile, on exploite des ressources rares : les fréquences hertziennes.
Mais depuis une vingtaine d’années, les tenants du libéralisme cherchent à nous faire croire que la concurrence peut fonctionner dans un tel contexte… La bataille en train de se dérouler sous nos yeux en est la triste conséquence.
Chaque opérateur a pour objectif de maximiser son profit. C’est le jeu normal des acteurs, le capitalisme est sauvage. L’État lui-même revendique sa part des dividendes sur les actions France Télécom qu’il détient. Chacun tente donc d’influencer le régulateur, qui définit les clefs du système qui sera mis en place.
Que le régulateur se trompe, et le déploiement de la fibre sera gelé : aucun des opérateurs – soumis à la dictature des marchés financiers – ne s’y lancera, s’il n’a pas l’assurance de pouvoir rentabiliser ses investissements.