Fibre optique : la concurrence pure et parfaite, un mythe qui va faire capoter le déploiement
Tribune libre de Sébastien Crozier, Président de la CFE-CGC/UNSA Télécoms, à propos du déploiement de la fibre en France.
Plutôt que de s’enfermer dans un système qui montre clairement ses limites (le secteur des télécoms pourtant déréglementé en Europe depuis les années 90 est le marché le plus régulé), ne serait-il pas plus raisonnable de mettre fin à l’hypocrisie de la concurrence, mère de toutes les vertus ?
Sortons des positions doctrinales ! Envisageons le réseau de fibre comme un service universel ! L’État en définirait le cahier des charges, et le confierait à l’opérateur candidat le moins disant tout en offrant les garanties de qualité nécessaires.
Cet opérateur aurait ensuite pour mission d’effectuer le raccordement de tous les foyers, où qu’ils se trouvent, dans des conditions économiques équitables pour tous les citoyens, et d’effectuer immédiatement le dégroupage de la fibre installée si le client demande que son abonnement soit pris en charge par un autre opérateur.
On pourrait ainsi simultanément optimiser l’investissement (une seule fibre par foyer), garantir la transparence du marché (le client pourra choisir son opérateur commercial), gérer la péréquation tarifaire (un tarif unique de raccordement en tout point du territoire), et même associer un co-financement de l’État ou des collectivités locales pour accélérer la couverture des zones géographiques où la rentabilité est plus délicate ou de plus long terme.
Si la France souhaite conserver sa place de « champion du haut débit » et développer son économie numérique pour retrouver le chemin de la croissance et de l’emploi, le débat se doit d’être ouvert.
Sébastien Crozier est Président de la section syndicale CFE-CGC/UNSA Télécoms dans l’UES France Telecom-Orange.
(Cette tribune n’engage que son auteur et aucunement la rédaction ITespresso.fr)