(Update 12/11/11) Difficile de répertorier Fabrice Grinda vu le nombre de casquettes : créateur d’entreprises, investisseur individuel (business angel), blogueur à ses heures perdues…
Ce Net-entrepreneur français, âgé de 37 ans, a créé trois entreprises Internet et a contribué à en créer…72 autres dans le monde entier (Europe, Etats-Unis, Amérique latine, Asie).
Il a « sévi » entre l’Europe et les Etats-Unis en créant des sociétés comme Aucland (enchères en ligne), Zingy (services mobiles) ou OLX (petites annonces).
Après avoir mené avec brio ses études aux États-Unis à l’université Princeton (New Jersey) dans la période 1992-1996 (avec plusieurs prix d’excellence à la clé), il enchaîne avec un poste de consultant chez McKinsey à New-York.
En 1998, Fabrice Grinda démarre sa vie en mode start-up en co-fondant le site d’enchères Aucland en France en pleine bulle Internet.
Une aventure qui démarre en fanfare (création d’un réseau européen) mais son élan est coupé pour des raisons diverses (que l’intéressé précise dans cet entretien).
Cette expérience décevante va lui servir de leçon ultérieurement. Il quitte Paris pour New York en 2001. Il y vit toujours.
Aux Etat-Unis, il rebondit avec succès en fondant Zingy (période 2001-2005) puis OLX (à partir de 2006).
Combien de sites Internet dans son portefeuille ? Comment trouver des investisseurs et un bon modèle économique ? Quels conseils aux futurs entrepreneurs ? Les erreurs à éviter ?
Pour l’inauguration de cette séquence « Fièvre de start-up » sur ITespresso.fr, Fabrice Grinda parle librement business et joue plutôt la transparence.
Ce qui en fait un témoignage enrichissant.
Vous pouvez télécharger l’interview en MP3, ou en lire la retranscription quasi-intégrale ci-dessous :
ITespresso.fr : Vous avez créé (ou contribué à créer) combien de sociétés Internet ?
Fabrice Grinda : Il y a trois compagnies Internet que j’ai créées et gérées directement : Aucland (enchères en ligne), Zingy (téléchargement de sonneries pour mobiles) et OLX (petites annonces).
Mais j’ai contribué à créer beaucoup d’entreprises dans le cadre de mes activités de business angel [investisseur individuel, ndlr]. Elles sont réparties en trois parties :
1) Je suis juste un « acteur passif ».
2) Les entrepreneurs ont déjà l’idée mais il y a un besoin d’accompagnement : « On a besoin d’aide, on ne sait pas comment lever de l’argent, il nous manque une partie de l’équipe, on a jamais écrit de PowerPoint pour présenter le business plan, on ne connaît pas les capitaux-risqueurs [venture capitalists ou VC en anglais, ndlr], pourrais-tu nous aider ? ». Et là, je prends un rôle plus actif dans la levée de fond. Cela peut représenter jusqu’à six compagnies par an.
3) J’initie directement des projets en exploitant mes idées ou celles de mon partenaire d’investissement José Marin. Nous trouvons l’équipe de management, nous leur donnons une grosse partie de l’equity [capital, ndlr], nous trouvons le P-DG…Dans cette catégorie, nous lançons jusqu’à deux sociétés par an.
C’est ce que nous avons fait avec Lofty (site de locations de vacances) cette année.
Donc, pour la question initiale, la réponse est à nuancer. Mais, globalement, j’ai créé trois entreprises directement (en prenant les fonctions de P-DG) et j’ai investi dans 72 autres entreprises [NDA : listées en fin d’article]. Dont une dizaine où j’étais présent dès l’origine de la création de l’entreprise.
Mais le succès vient plutôt des entreprises que j’ai créées personnellement. Dans les 72 prises de participation, il y en a 15 qui ont été vendues ou fermées, 4 qui ont échoué et 11 qui ont réussi.
Dans le dernier lot, une seule s’est introduite en Bourse, c’est 1000mercis (e-marketing, France).
Une autre a fait 50 fois le retour sur investissement en six mois : Viajanet.com.br (voyages en ligne au Brésil).
Les 15 sorties ont payé pour les 72 deals, et il m’en reste donc encore 58 participations dans le portefeuille.
ITespresso.fr : Quelles sont les plus grosses opérations que vous avez réalisées ?
Fabrice Grinda : Dans mes créations de sociétés, j’ai cédé Zingy pour 80 millions de dollars [revendu au groupe japonais For-Side en 2004, ndlr]. Personnellement, j’ai gagné 40 millions de dollars (avant impôts). Avec la revente d’OLX, j’ai gagné 18 millions (toujours avant impôts).
Dans la start-up brésilienne ViajaNet, j’ai investi initialement 50 000 dollars qui m’ont rapporté au final 1,5 million de dollars. Mais la meilleure opération reste DineroMail (une sorte de PayPal de l’Amérique latine). Initialement, j’ai investi 300 000 dollars. Je l’ai vendue courant 2011 et cela m’a rapporté 4,68 millions de dollars.
Mais j’ai aussi fait des sottises. Quand j’ai commencé, j’ai perdu 6 millions, ce qui représentait 20% de ma fortune. Au début, j’investissais beaucoup dans un petit nombre de boîtes et c’était un désastre sans nom. Mais, depuis que j’ai changé ma stratégie, ça va mieux.
(Lire la suite page 2 : la gestion des échecs)
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