« Operating Officer, Entrepreneur & Investor »…C’est en ces termes que Julie Dumortier se qualifie sur sa page LinkedIn.
Son parcours professionnel dans les nouvelles technologies est effectivement original.
Titulaire d’un Executive-MBA de l’Institut Française de Gestion (IFG) et d’un DEA en Intelligence Artificielle Distribuée obtenu à l’Université Paris VI, Julie Dumortier a diversifié ses expériences dans divers domaines : informatique industrielle, carte à puce, micro-électronique, automatisme, sécurité physique, téléphonie mobile et Web Services…
Elle a pris la casquette de créateur d’entreprises high-tech à la fin de son service militaire en fondant ERIS Automation (logiciel de sécurité physique, période 1994-2001) puis Inseal (carte à puce sans contact, période 2003 – 2006).
Elle a aussi travaillé presque sept ans chez Sagem, où elle a découvert le mode de « l’intraprenariat ».
Sous une étiquette de business angel, elle a co-fondé et préside toujours le fonds Novaris Equity.
Celui-ci a signé des investissements dans une dizaine de start-up aux profils divers dans le secteur IT (place de marchés BtoB, social CRM, logiciels d’entreprise) mais aussi dans d’autres domaines (voir tableau récapitulatif en fin d’interview).
A 44 ans, elle a pris fin 2011 la direction de Metrixware, éditeur de logiciels industriels pour le pilotage et l’optimisation des systèmes d’informations, principalement des banques et des compagnies d’assurances.
La société software repart sur une nouvelle dynamique après une période de redressement judiciaire.
(interview réalisée en février 2012).
ITespresso.fr : Comment s’est passée votre première expérience d’entrepreneur ?
Julie Dumortier : A la sortie de mes études universitaires à Paris 6 (DEA en intelligence artificielle obtenu en 1992), avec Dominique Beuscart, que je connaissais de mes expériences professionnelles dans des PME industrielles (Soneria, bandes test et supervision, où j’ai travaillé de 1987 à 1992) j’ai créé ma première entreprise.
C’est en janvier 1994 qu’on a créé la société d’informatique industrielle ERIS Automation, qu’on a développée pendant 7 ou 8 ans. Elle été liquidée en mai 2000.
On faisait du contrôle d’accès physique (électronique et supervision logicielle), notamment pour le compte de l’Élysée ou pour le ministère de la défense. Nous avons notamment sécurisé les sites de la Direction des Renseignements Militaires et le centre opérationnel inter-armée), et assuré la protection du TGV Nord à Paris.
On faisait aussi de la machinerie scénique, c’est-à-dire déplacer des décors dans des théâtres. C’est étrange dit comme ça, mais il y a plus de choses en commun avec le contrôle d’accès physique que l’on croit. Dans les deux cas, vous avez des cartes électronique et de la supervision.
Dans cette entreprise j’ai connu le cycle complet : création, développement et redressement judiciaire de l’entreprise.
Cela a mal fini. On était jeune, on a fait des bêtises, on a appris. À l’époque, on se lançait sur beaucoup de projets simultanément et la capacité d’auto-financement était insuffisante.
Ça pesait d’ailleurs sur les relations entretenues avec mon associé.
Je me disais : « on a beaucoup d’ambition, ça serait bien d’ouvrir son capital et d’aller chercher des financements extérieurs. »
Mais mon associé était dans une logique assez passéiste, il voulait « garder le contrôle ». Un état d’esprit que l’on retrouve souvent dans les PME.
ITespresso.fr : Quelles leçons à en tirer ?
Julie Dumortier : Aujourd’hui, avec l’expérience des projets menés et des start-up financées, j’ai pris conscience qu’en tant qu’investisseur, on n’est pas là pour gérer la société ou se mêler de l’opérationnel. On est vraiment là pour aider l’entrepreneur à prendre de la hauteur, du recul.
C’est un point tellement important qu’en reprenant Metrixware, on a mis en place une véritable gouvernance avec un conseil de surveillance composé de gens qui vont m’aider, sur lesquels je vais pouvoir m’appuyer pour des questions juridiques, de ressources humaines, de financement, de business et de stratégie globale.
C’est ce qui manquait dans ma première entreprise (ERIS Automation) : on était deux et on tournait en rond. Cela nous aurait peut-être aidé s’il y avait eu une vraie gouvernance.
Avec ERIS Automation, on était monté jusqu’à 12 ou 13 millions de francs [NDLR : 1,8 à 2 millions d’euros]. Au plus fort de l’activité, nous avons disposé de 17 collaborateurs.
Mais ça n’a pas duré très longtemps, c’était un peu le début de la fin.
(Lire la suite de l’article page 2) : « Intrapreneur », c’est quoi ?
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