Comment financer les débuts d’une entreprise « innovante » en France ? Quatre entrepreneurs ayant créé des entreprises entre 1998 et 2000 ont tenté d’apporter des éléments de réponse à cette question lors d’une table ronde organisée le 8 avril à Paris. Le premier constat, partagé par tous les intervenants, a été éffectué par Eric Pillevesse, PDG de Highdeal, un spécialiste de la facturation issu d’un « essaimage » d’un projet de recherche de France Telecom. Il existe, selon lui, « une difficulté particulière en France, très bloquante et dommageable au niveau économique. Les grands groupes ne font pas suffisamment confiance aux PME françaises ».
Dans le cas d’Highdeal, « les premiers clients de la société sont nord-américains » et son PDG estime que le manque de soutien dans l’Hexagone peut contribuer à faire perdre très vite deux à trois ans de retard à une société française par rapport à des entreprises se trouvant dans des situations similaires en Asie ou aux Etats-Unis.
En ce qui concerne le soutien « du groupe qui essaime », il estime que la difficulté consiste à lui faire « jouer le jeu » en l’incitant à accorder à la société essaimée « une première référence » ou au moins un exemple d’« une utilisation du logiciel ».
Le capital risque se recentre sur les sociétés déjà installées
En période de ralentissement économique (marqué par la crise des subprimes), Yannick Levy, PDG de Dibcom (un fabricant de puces pour la télévision numérique mobile), estime quant à lui qu’il est « moins évident de trouver des gros fonds de capital-risque capables de mettre 40 millions d’euros sur la table ».
Soucieux de réduire leurs coûts de structure, ces fonds vont aujourd’hui, d’après lui, réduire le portefeuille de sociétés dans lequel elles investissent pour « se concentrer sur une dizaine de sociétés dans lesquelles elles vont prendre de gros tickets ». Même son de cloche du coté d’Eric Pillevesse pour qui « les fonds vont se concentrer davantage sur les sociétés installées et moins sur le ‘seed' » (capital d’amorçage).
Quant aux programmes d’aides aux jeunes pousses mis en avant par les grands groupes (par exemple Startup Essentials de Sun Microsystems ou IDEES de Microsoft), Carlos Moreno, PDG de Sinovia, reste sceptique. Pour lefondateur de ce spécialiste de la supervision logicielle d’infrastructures urbaines et industrielles,« cela existe mais l’accès n’est pas aussi simple que la pub ne le laisse paraitre « . Il conclut que de telles aides « sont à manipuler avec une grande précaution » dans la mesure où elles sont susceptibles de « coller une étiquette » à la société, voire de lui « fermer des portes ».
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