« Nous regrettons […] que l’UFC Que Choisir [sic] n’ait pas pris attache avec les acteurs concernés, transformant leur étude en procès à charge ».
Unilend est la première plate-forme de financement participatif à réagir officiellement aux accusations de l’association de consommateurs, qui a dénoncé, la semaine passée, les « risques et abus » inhérents à ce marché qui a drainé plus d’un demi-milliard d’euros en France sur l’année 2016.
L’étude en question – document PDF, 42 pages – se concentre sur le financement participatif dit « d’investissement » ; c’est-à-dire les prêts rémunérés (crowdlending) et la souscription de titres (equity crowdfunding).
L’UFC-Que Choisir constate notamment que le modèle économique des plates-formes (commissions sur les montants financés) les encourage à « proposer le maximum de projets ».
Du côté d’Unilend, on affirme avoir « toujours opéré une stricte sélection » : 1,04 % de projets effectivement présentés sur un peu plus de 33 000 demandes reçues, « dans l’intérêt des prêteurs, du bon financement des entreprises françaises et de la pérennité même de la plateforme ».
Autre élément pointé du doigt par l’UFC-Que Choisir : la communication des taux de défaut.
Suggérant qu’Unilend semble utiliser, pour établir cette valeur, « un mode de calcul différent de celui indiqué par le décret [2014-1053 du 16 septembre 2014, qui pose un cadre juridique au financement participatif] », l’association de consommateurs estime un taux de défaut en montant de 14,5 % au 1er février 2017, quand la plate-forme annonce 8,7 % de l’ensemble du capital emprunté.
Rappelant être tenu, en qualité d’intermédiaire en financement participatif (IFP), de publier tous les trimestres le taux d’incident des prêts réalisés sous ce statut, Unilend assure respecter « scrupuleusement les obligations définies par la loi ». Et de renvoyer vers sa page Statistiques, sur laquelle sont affichés les indicateurs contestés, non sans exprimer son souhait de « pouvoir dialoguer […] afin de pouvoir comprendre la démarche opérée ».
La plate-forme précise avoir fait part aux autorités compétentes de ses réserves sur cet indicateur dont les modalités de calcul lui « semblent trompeuses », les impayés étant rapportés au capital restant dû de l’ensemble des prêts. Aussi, elle a décidé de communiquer un taux « complémentaire » censé refléter « la vraie perte subie par les prêteurs » en comparant le montant des impayés avec le montant total du capital prêté.
Toujours sur la question du taux de défaut, l’UFC-Que Choisir avait dénoncé une « communication abondante » d’un taux prévisionnel de « 1 à 2 % » faisant « implicitement écho au taux de défaut annuel des PME françaises » (en d’autres termes, la probabilité annuelle de ne pas rembourser les créanciers).
De son avis, la comparaison est « trompeuse » : il est nécessaire de considérer la durée totale du prêt. Dans ce cas, on passe à 4,7 % dans l’hypothèse basse au bout de 4 ans. C’est sans compter la « surpondération des TPE » parmi les entreprises financées ; donnée qui conduit à une « augmentation substantielle » du taux de défaut potentiel.
Unilend déclare ne pas communiquer « à des fins commerciales sur des taux de défaut prévisionnels ». Les « 1 à 2 % » auraient été sortis de leur contexte. Ils seraient en l’occurrence extraits d’une citation tronquée du président Nicolas Lesur, qui, dans une interview de mai 2014, avait expliqué, en observant les taux d’incidents constatés sur les marchés américain et britannique : « C’est ce que nous visons à terme ».
L’UFC-Que Choisir a également haussé le ton sur la question de la rentabilité des prêts.
Sur la base de 789 entreprises financées par les « acteurs majeurs du secteur » disposant de plus de 18 mois d’existence, l’association a calculé, dans son hypothèse optimiste, un rendement net de 1,6 %. Son scénario dit « réaliste », prenant notamment en compte l’évolution du taux de défaut à chaque échéance, donne 0,33 %. Soit des rendements « 4 à 20 fois moins importants que les promesses ».
Unilend explique ne pas être parvenu à reconstituer la méthodologie de l’UFC-Que Choisir, malgré les éléments fournis en page 35 de l’étude et les annexes en pages 41-42.
La plate-forme trouve, entre autres, contestable que le montant d’imposition ait été intégré dans les calculs, alors qu’il est « par essence différent pour chacun ». Elle précise par ailleurs mettre à disposition de ses clients « un indicateur communément utilisé par les grands acteurs étrangers du financement participatif » : le taux de rendement interne attendu.
Cet indicateur correspond au rendement annualisé des prêts en prenant en compte les pertes potentielles connues ou avérées à la date du calcul. Sur l’ensemble des prêts intermédiés depuis 2013, il s’élève, net des défauts, à 3,63 %.
Dernier point : les conditions générales d’utilisation.
L’UFC-Que Choisir avait épluché les CGU de 6 plates-formes dont Unilend. Elle y avait déniché des clauses jugées illicites ou abusives, concernant principalement l’exonération de responsabilité quant au bon fonctionnement du service, à la fiabilité des informations fournies sur le site et à la sécurité des données qu’enregistre l’utilisateur.
Unilend constate que l’UFC a consulté les CGU à destination des utilisateurs du site « en tant que simples visiteurs ». Et non les CGV, qui applicables automatiquement aux membres enregistrés… et qui « ne comportent aucun des manquements dénoncés ».
« Suite à [sic] sa mise en demeure reçue quelques jours avant la publication de son étude, nous avons immédiatement attiré l’attention de l’UFC Que Choisir [sic] […] et déplorons qu’elle n’ait pas cru bon d’en tenir compte dans sa publication », résume Unilend.
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