Décidément, les cagnottes en ligne qui permettent à des particuliers de réunir de l’argent pour un pot de départ, un anniversaire, un cadeau de mariage ou une pendaison de crémaillère aiguisent les appétits des banques mutualistes.
Après le Crédit Mutuel Arkéa, qui, le mois dernier, a acquis 86 % de Leetchi pour plus de 50 millions d’euros, Banque Populaire Caisse d’Épargne met la main sur son rival et de taille comparable, LePotCommun.fr.
Via S-money, sa filiale de paiement électronique, le groupe BPCE a pris une participation de 85 % dans le capital de la start-up parisienne, tout en prévoyant de monter à 100 % à horizon de 3 ans. Le montant de l’opération n’a pas été dévoilé.
Sur la dernière année, l’e-cagnotte a connu une croissance de 180 % par effet de capillarité. «Un pot réunit en moyenne 12 personnes dont 3 vont devenir, à leur tour, créateurs de pots », avance, Thibault Saint-Georges-Chaumet, un des quatre fondateurs.
L’histoire entre S-money et LePotCommun.fr remonte déjà à un an. La plateforme, qui avait besoin d’une solution d’encaissement pour compte de tiers, devait soit obtenir un agrément d’établissement de monnaie électronique délivrée par la Banque de France, soit s’adosser sur un établissement agréé. Ce qu’elle fera.
Inquiets à l’idée de rencontrer « des banquiers largués par les évolutions technologiques », les quatre compères ont été rassurés par l’organisation et la vision du marché de S-money. Filiale à 100 % de BPCE, S-money fonctionne en mode start-up, dans des locaux distincts de la maison mère, avec une équipe resserrée d’une vingtaine de personnes.
Avec l’acquisition de la FinTech, S-money va pouvoir élargir son offre de services de paiement comme le transfert d’argent entre particuliers ou son porte-monnaie virtuel (e-wallet) qui serait le plus important de France. S-money compte un million d’utilisateurs actifs avec plus de 200 000 transactions réalisées par jour et 150 millions d’euros collectés cette année.
S-money a aussi remplacé Moneo sur les campus universitaires par sa solution Izly. Pour régler le resto U ou la laverie automatique, l’étudiant sort son smartphone qui génère un QR Code que le caissier n’a plus qu’à flasher. On lui doit aussi une première mondiale : le transfert d’argent via un tweet. En attendant, promet-on, le paiement sans contact de type Apple Pay.
Président exécutif de S-money, Nicolas Chatillon fonde beaucoup d’espoirs sur le rachat de LePotCommun.fr. Il entend de renforcer les moyens de la plateforme et de développer la marque en Europe, en commençant par l’Espagne dès cette année.
Objectif : devenir le numéro un français et européen du paiement communautaire (ou « social payment pour les anglo-saxons). « De nouveaux services viendront se greffer sur la cagnotte, comme la possibilité de gérer et répartir les frais de voyages ou les dépenses d’une colocation », imagine-t-il.
LePotCommun.fr, qui a déjà pour partenaires des sites marchands comme Amazon ou La Redoute, entend aussi offrir des solutions à 360° en suggérant des cadeaux, à faire voter les participants au pot commun sur les cadeaux retenus puis de les diriger vers les offres en ligne correspondantes.
« La moyenne est de 450 euros par pot, de l’argent qui a vocation à être dépensé et non épargné, rappelle Ghislain Foucque. Nous estimons que la cagnotte en ligne s’adresse à la moitié de la population française. Il y a toujours un événement en cours. Et le service n’en est encore qu’à son début. »
A la question de savoir si le rapprochement de Leetchi avec le Crédit Mutuel Arkéa les a incités à se vendre, ce dernier rappelle que les négociations étaient antérieures au rachat. Puis de tacler le concurrent : « Nous faisons le même métier mais de façon différente en nous focalisant sur l’expérience utilisateur. Nous avons des résultats similaires alors que LePotCommun.fr a levé 200 000 euros et Leetchi 6 millions. »
Le troisième gagnant de l’opération, c’est BPCE, deuxième groupe bancaire en France, qui bénéficie ainsi des dernières innovations dans le domaine des moyens de paiement et de la digitalisation de la relation client.
90 % de son offre est disponible en signature électronique. Sur le sept premiers mois de l’année, 700 000 ventes ont été souscrites via ce dispositif sécurisé. Le million devrait être atteint d’ici la fin de l’année.
Comme la Société Générale, BPCE expérimente aussi des cartes bancaires de nouvelle génération avec un code de sécurité dynamique, en s’appuyant sur solution OT Motion Code d’Oberthur Technologies.
Les trois chiffres du cryptogramme sont remplacés par un petit écran intégré qui affiche périodiquement un nouveau code réduisant ainsi la fenêtre d’opportunités des fraudeurs.
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