La page officielle des Pigeons (« Mouvement de défense des entrepreneurs français ») a du succès : 22 161 « J’aime » au compteur sur Facebook alors qu’elle ne dépassait pas les 10 000 hier à la même heure.
Visiblement, les tâches d’huile pointées du doigt par les « entrepreneurs frondeurs » dans le projet de loi de finance 2013 recueillent un certain écho : une réforme de la fiscalité des plus-values dans les ventes d’actions susceptible de toucher les créateurs de start-up en cas de cession et une augmentation des cotisations des auto-entrepreneurs alignées au régime des travailleurs indépendants.
Le nombre de protestation prend désormais la forme d’une longue traîne pour dénoncer ces mesures « injustes » voire « nauséabondes », selon Jean-David Chamboredon, gestionnaire du fonds ISAI (rassemblant des entrepreneurs Internet) et administrateur du cercle de réflexion France Digitale à la pointe du combat.
Les relais dans la Net-économie ne manquent pas : Marc Simoncini (Meetic, Jaina Capital, Sense), Patrick Robin (24h00), Pascal Mercier (Global Equities), Pierre Chappaz (Ebuzzing), Michel de Guilhermier (Photoways), Loïc Le Meur (Seesmic), Frédéric Montagnon Overblog…).
Encore ce matin, Patrick Robin s’est mouillé au micro de BFM TV : « Je ne crois pas que tous les députés PS sont comme Mr Moscovici [ministre de l’Economie et des Finances] à penser que nous gagnons de l’argent en dormant. »
Cité dans Les Echos, Stanislas de Benzmann, co-fondateur du groupe Devoteam et vice-président de CroissancePlus, évoque un « sentiment dominant » : « La France est un pays anti-entrepreneurs. »
En insistant sur « des niveaux de taxation extrêmement élevés. »
Mais cette fronde des entrepreneurs peut laisser perplexe à en croire une enquête de Libération : « Il est naturel de ne pas vouloir payer plus d’impôts, mais je suis gêné car ce mouvement, alimenté par la rumeur, se base moins sur des faits que sur des fantasmes », déclare Stéphane Distinguin, P-DG de FaberNovel (agence pour l’innovation).
« J’ai peur que nous le payions cher à l’étranger, où la réputation de la France en matière d’entreprises est déjà écornée. Ce mouvement va laisser des traces, c’est comme l’émergence d’une sorte de Tea Party des entrepreneurs du numérique. »
Comment réagit le gouvernement face à ce vacarme ? Il reste stoïque.
Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Economie numérique, a juste précisé au Nouvel Obs que les craintes portant sur le statut de l’auto-entrepreneur étaient infondées.
« Les caractéristiques essentielles du statut sont maintenues. »
Quant au ministre de l’Économie et des finances, Pierre Moscovici ne semble pas prêt de revenir sur la mesure qui fâche particulièrement les entrepreneurs.
On ne recense pas encore de déclaration spécifique sur la fronde des pigeons en tout cas.
« Les coupes budgétaires ayant un impact plus récessif que les hausses d’impôt, nous avons fait cette année tout ce qu’il était possible et nécessaire », s’était-il contenté de déclarer après la la présentation du budget d’austérité pour 2013.
Intraitable Bercy ?
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