Fiscalité : la Net-économie se rebelle et reprend le flambeau du pigeon
Sur les réseaux sociaux, des entrepreneurs du Net protestent contre les mesures fiscales « anti-start-up » intégrées dans le projet de loi de Finances 2013. Non aux « pigeons », vive les « aigles ».
Les entrepreneurs se mobilisent en brandissant l’étendard du pigeon.
Un volatile qui a du succès : avec Free Mobile, Xavier Niel l’avait placé sur le piédestal (en arguant que ses concurrents prenaient les consommateurs pour des pigeons).
Cette fois-ci, ce sont les entrepreneurs et particulièrement ceux émanant du Web qui reprennent le flambeau. Encore ce matin, Marc Simoncini (Meetic, Jaina Capital) intervenait sur BFM à 8h00 pour « parler calmement » du projet de loi de Finances 2013 et « essayer de sauver ce qui peut encore l’être ».
Sur Facebook, une fan page au nom évocateur s’est créée : « Les Pigeons, mouvement de défense des entrepreneurs français« .
Avec plus de 4250 mentions « J’aime » comptabilisées (relevées lundi matin), elle pointe du doigt un sujet sensible sur la fiscalité des start-up.
« Sa création a été totalement spontanée, un peu à la manière d’une crise d’herpes », explique cette communauté d’entrepreneurs qui prétendent « se mobiliser pour faire entendre leur roucoule avec un peu d’humour, beaucoup de créativité et ce qu’il faut d’énergie et de tempérament ».
« Elle s’est faîte en réaction à l’absurde projet de loi de finances du gouvernement qui méprise ou pire encore ignore le rôle et la valeur de l’entrepreneur dans la société. »
Ce qui crispe la communauté des Pigeons ? Une disposition technique qui risque de couper l’oxygène aux start-up française.
Elle transparaît dans la volonté du gouvernement « d’aligner l’imposition des revenus du capital sur ceux du travail ».
Une mesure comprise dans le projet de loi de Finances 2013, présentée en fin de semaine dernière, « plomberait les PME de croissance », selon Jean-David Chamboredon, gestionnaire du fonds ISAI (rassemblant des entrepreneurs Internet) et administrateur du cercle de réflexion France Digitale.
Pourtant, récemment, le gouvernement a donné des signaux d’apaisement vis-à-vis des entrepreneurs.
« La confirmation du maintien des dispositifs type ISF-PME ou JEI pour les PME innovantes allaient bien dans ce sens. J’étais rassuré, me voilà pourtant dépité… », poursuit le spécialiste du capital-investissement dans une lettre ouverte diffusée sur La Tribune.
Là où le bât blesse, c’est sur le point suivant : « Je voudrais plutôt parler ici de l’alignement de l’imposition des revenus du capital avec ceux du travail qui conduira, par exemple, un entrepreneur cédant son entreprise après 10 ans de labeur, d’incertitudes, de hauts et de bas, de semaines de 70 heures… à payer 45% (taux marginal de l’IRPP) +15,5% (CSD/CRDS) soit plus de 60% sur la plus-value de cession. »
Jean-David Chamboredon poursuit : « Nous sommes ici dans le dogme anti-capitaliste, l’anti-économique, le ‘brisage de rêve’, la démotivation quasi-sadique, le « je-ne-sais-quoi-qui-donne-la nausée. »
Tout en poursuivant : « 2013 ne sera pas plus favorable à la croissance: les nouveaux entrepreneurs incorporeront leur start-up à Londres qui leur déroulera le tapis rouge, les projets de délocalisation ou déménagement seront pour partie mis en oeuvre, les entreprises en recherche de fonds, lassées de faire la queue à la Banque Publique d’Investissement, iront, pour celles qui le peuvent, lever de l’argent hors de France et les autres entrepreneurs devront essayer de se partager l’argent disponible au travers du dispositif ISF-PME (…)
Je comprends que Madame Pellerin (ministre de l’Economie numérique) et Messieurs Cahuzac (Budget) et Moscovici (Economie) entendent bien ce qui est décrit ci-dessus. Arriveront-ils pour autant à convaincre Monsieur Hollande? »
(Lire la fin de l’article page 2)