Quel est le point commun entre Teads (publicité vidéo), Sigfox (réseau IoT), Scality (technologie de stockage « objets »), Evaneos (voyage) ou Lengow (flux marketplace) ?
Toutes ces start-up – devenues des entreprises phares du numériques – ont été soutenues à un moment donné de leur développement par le Fonds Ambition Numérique (FAN), financé par l’Etat, dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA).
Cela fait cinq ans que le Commissariat Général à l’Investissement a enclenché ce levier majeur du financement du secteur IT en France.
Au démarrage du FAN en décembre 2011 (enclenché sous la présidence Sarkozy), Bpifrance n’existait pas, rappelle d’emblée son directeur général Nicolas Dufourcq.
Mercredi matin, un point presse & investisseurs avait été organisé dans les locaux de la banque publique d’investissement, en présence de Louis Schweitzer, Commisssaire général à l’Investissement.
Depuis, la banque publique d’investissement (qui a émergé sous la présidence Hollande) a pris en charge la gestion du FAN dédié au numérique pour le compte du Commissariat Général à l’Investissement.
Au total, 35 investissements ont été réalisés en cinq ans pour 150 millions d’euros investis. Il reste entre 18 et 24 mois pour utiliser l’autre moitié de la dotation globale initialement fixée à 300 millions d’euros. Ce qui devrait représenter un paquet d’une douzaine d’opérations de soutien aux start-up, selon Véronique Jacq.
La Responsable du pôle Investissements de Bpifrance (et Directrice du Fonds Ambition Numérique) dispose d’une équipe d’une dizaine d’experts en charge du numérique.
« La vocation est de grandir. Et de devenir un des leaders en Europe et dans le monde. Pour investir, une approche strictement publique n’est pas forcément la bonne, d’où notre partenariat avec Bpifrance », commente Louis Schweitzer.
Nous arrivons à une période charnière : le troisième Programme d’investissements d’avenir doté de 10 milliards d’euros (dont 4 milliards en fonds propres) va émerger d’ici la fin de l’année.
« On va commencer à l’engager début 2017. Il faut que l’on agisse en investisseur avisé avec une espérance de rentabilité », commente Louis Schweitzer en évoquant le numérique comme « une priorité transversale ».
Lors de la session questions-réponses, le Commissaire général à l’Investissement a précisé qu’il y aura un nouveau véhicule d’investissement dédié au numérique dans le cadre du PIA3. « Il y aura aussi des actions spécifiques », esquisse-t-il. « Nous avons plus d’argent que de projets [admissibles]. »
En s’adressant aux représentants des fonds d’investissement qui accompagnent les investissements enclenchés via le canal FAN/Bpifrance, Louis Schweitzer précise : « Nous sommes là pour vous aider à prendre un peu plus de risques. »
Il faut se replacer dans le contexte d’intervention du FAN, qui cible des sociétés non cotées, ayant dépassé le stade de l’amorçage. On parle de tickets qui se situent entre 1 et 10 millions d’euros avec une dimension de co-investissement systématique aux côtés d’autres investisseurs privés. Sachant que le FAN investit initialement un ticket moyen de 3 millions d’euros.
Lors de ce point presse, on trouvait une ribambelle de représentants de sociétés de capital-risque qui ont écouté avec attention le bilan du FAN et l’ébauche des perspectives : citons pêle-mêle dans les acteurs repérés par ITespresso.fr, les fonds Breega Capital (Maximilien Bacot), Idinvest (Matthieu Baret), Serena Capital (Marc Fournier) ou Iris Capital (Antoine Garrigues).
Dans la chaîne du financement du parcours d’une start-up, Nicolas Dufourcq souligne l’une des principales lacunes sur le marché français : le manque de fonds qui montent au niveau du capital-développement (growth).
Certes, Bpifrance a retroussé ses manches à travers son propre véhicule d’investissement Large Venture. Des VC du secteur privé commencent aussi à changer de dimension à l’instar de Partech Growth et bientôt Sofinnova…
« Il manque en France une demi-douzaine en plus de growth en France », évoque Nicolas Dufourcq. « Je lance un appel aux équipes de gestion : il faut y aller. »
En 2016, Bpifrance a injecté 1,3 milliard en activité de fonds de fonds. Une telle mobilisation pour soutenir le financement de l’innovation au sens large n’a pas d’équivalent en Europe, estime Nicolas Dufourcq.
Celui-ci a également regretté la frilosité des grands groupes français à s’impliquer dans les opérations de sorties. Obligeant les start-up à se tourner vers l’international (l’Europe de préférence mais ce sont les Etats-Unis qui demeurent les plus vivaces) en vue d’un rapprochement industriel.
On l’a vu avec le rapprochement Withings (start-up française dans les wearable technologies) et Nokia. « La moitié des start-up vendues partent à l’étranger. Nous en sommes conscients », commente le DG de Bpifrance.
Sans compter sur le tarissement des sorties par voie d’introductions en Bourse : un marché plutôt dynamique en 2015 mais plus frileux en 2016.
Sur l’ensemble du portefeuille des 35 start-up ayant reçu le soutien du FAN, une seule a franchi le pas de la Bourse : Wallix (sécurité IT).
En règle générale, le FAN a permis de soutenir des start-up dans trois secteurs du numérique : Mobile+Web (Teads, Evaneos, Geolid, S4M, LeKisok, Recommerce, Mano Mano, Openclassrooms, MeilleursAgents), hardware + IoT (Sigfox, Netatmo, Balyo, Eblink, Famoco, Avencall, DelfMEMS) et le software (Talentsoft, Launchmetrics, Scality, Splio, EasyRecrue, Synthesio, Lengow et iAdvize).
« Pour 1 euro investi via le FAN, 2,6 euros sont investis par le privé », résume Véronique Jacq.
Selon Bpifrance, les sociétés financées par le fonds représentent plus de 3000 emplois dont 85% en France. Entre fin 2014 et fin 2015, un peu plus d’un millier d’emplois ont été créés dans 29 start-up ayant bénéficié du FAN.
(Crédit photo NetMediaEurope)
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