Comme ils l’avaient indiqué, les organisateurs du premier forum Netxplorateur – qui réunit actuellement environ 400 décideurs et personnalités de l’Internet au Sénat – ont récompensé un acteur reconnu pour le caractère innovant de son offre et son « exemplarité » sociale. Ron Deibert, directeur du Citizen Lab de l’université de Toronto, vient de se voir décerner le grand prix Netxplorateur 2008 pour Psiphon. Son cheval de bataille : la lutte contre la censure.
Lancé en décembre 2006, Psiphon permet à tout un chacun d’accéder à n’importe quel site Web et dans n’importe quel pays, même si des procédures existent pour filtrer ou bloquer – arbitrairement – l’accès à certaines ressources.
Le principe est astucieux. Le logiciel Psiphon se comporte comme un « proxy Web » recevant des requêtes et les traitant de façon sécurisée. Il autorise une communauté de « Psiphonites », c’est-à-dire des internautes résidant dans des pays où la censure est active, à accéder à des serveurs qui sont installés et gérés par des « Psiphonodes », autrement dit des internautes vivant dans des pays où la liberté d’expression prévaut. Résultat, les « Psiphonites » sont à l’abris d’éventuelles poursuites puisqu’il est impossible, ou tout du moins beaucoup plus difficile, de consulter la liste des sites sur lesquels ils ont navigué.
130 000 téléchargements
Pour prévenir les possibles indélicatesses des autorités locales, aucun logiciel n’est installé sur l’ordinateur du « Psiphonite ». Afin d’accéder au serveur, ce dernier doit être invité par un « Psiphonode » qui lui communique une adresse Web, un nom d’utilisateur et un mot de passe. Autant de mesures qui visent à éviter d’attirer l’attention des censeurs sur les URL ainsi libérées. Et à rendre plus difficile leur blocage.
Le système a ses limites (les auteurs de Psiphon mettent d’ailleurs en garde les utilisateurs contre les conséquences possibles de l’utilisation de leur logiciel). Il remporte toutefois un important succès, avec plus de 130 000 téléchargements du logiciel enregistrés en moins de deux ans.
Derrière Psiphon, neuf entreprises se sont vues attribuer un trophée pour leurs innovations. Il s’agit de Desktop Factory (une société américaine à l’origine d’une imprimante en 3D), du français Violet (pour son lapin Nabaztag), de Garlic (une entreprise britannique ayant développé une solution pour la protection des identités numériques), de Fon (pour ses fameuses Foneras), de l’OLPC (pour son projet de portables économiques), du système américain de microblogging Twitter et de Dview, un projet japonais visant à recycler les téléphones portables pour concevoir des mini-PC. Et, enfin, des deux syndicalistes ayant organisé une première manifestation virtuelle sur Second Life en septembre 2007.
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