Le gouvernement l’a reconnu lors de la conférence sociale du 19 octobre dernier : l’évolution des méthodes de travail associée à la transformation numérique des entreprises a des implications sociales « de plus en plus lourdes ».
Une nouvelle étude signée Qapa.fr illustre ce phénomène.
Le spécialiste du recrutement en ligne a interrogé sa base de candidats (3,5 millions revendiqués) et enregistré, entre le 9 et le 23 novembre, « plus de 2 400 réponses », équitablement réparties entre hommes et femmes, ainsi qu’entre cadres et non-cadres.
Principal constat : la frontière entre vie privée et vie professionnelle s’estompe d’autant plus avec les technologies mobiles.
Les Français sont en l’occurrence 63 % à répondre à des appels professionnels* en dehors de leurs horaires de travail (46 % le week-end). Ils sont aussi 26 % à affirmer accepter de telles communications jusqu’à 20 h.
Pour 23 % des sondés, il n’y a tout simplement « pas d’heure » pour répondre. Ni d’ailleurs pour consulter sa messagerie électronique pro : 49 % des Français s’y livrent en dehors des heures de bureau.
De quoi alimenter un peu plus la réflexion sur le « droit à la déconnexion ». Voire sur le « devoir de déconnexion », terme employé entre autres dans le rapport remis au gouvernement en octobre par Bruno Mettling.
Le DRH d’Orange constate que certaines entreprises ont défini une charte pour préserver l’équilibre entre les sphères privée et professionnelle, mais que la formation des salariés ne suit pas nécessairement. Y compris pour les managers, qui devraient pourtant « montrer l’exemple ».
Syndicats et organisations patronales sont aussi sur les rangs.
Au printemps 2014, la CFDT, la CGC, le CINOV (bureaux d’études) et la Fédération Syntec (ingénierie, conseil informatique) avaient convenu d’un avenant à l’accord de 1999 sur la durée de travail. Avait été introduit, le principe d’une « obligation de déconnexion des outils de communication à distance » dans la branche.
Non satisfaite de cette accord, notamment sur les conditions d’éligibilité au forfait jours, la CGT avait décidé de mener sa propre campagne.
En tête de gondole, l’UGICT-CGT (CGT des ingénieurs, cadres et techniciens) demande que « le lien de subordination entre le salarié et l’employeur [soit] temporaire et délimité dans le temps », à l’heure où « les TIC permettent une disponibilité permanente et sans limites ». Un travail généralement ni reconnu, ni comptabilisé et qui « dépasse très souvent les limites horaires imposées par la loi ».
* On précisera que 35 % des Français interrogés ont dit posséder un téléphone « spécial pour leur entreprise », selon les termes employés par Qapa.fr.
Crédit photo : alphaspirit – Shutterstock.com
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