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France Télécom met le paquet sur l’ADSL

« Notre ambition est le haut débit pour tous. » Paraphrasant un discours du Premier ministre (qui voulait un ordinateur pour tous, voir édition du 13 novembre 2002), Thierry Breton a présenté le 10 juin 2003, à l’occasion d’une conférence de presse, l’ambition du groupe France Télécom en matière de haut débit et plus particulièrement d’ADSL. La technologie qui permet d’atteindre des débits importants sur la paire de cuivre est « un enjeu majeur pour France Télécom, tant du point de vue de la compétitivité qu’[elle] confère à nos clients entreprises qu’en raison de l’accès au savoir pour tous et du partage de l’information », selon le président de l’opérateur historique. Ce dernier affirme même : « Le haut débit est au coeur du futur de France Télécom, c’est notre nouvelle frontière. » Laisser entendre que l’avenir du groupe dépend du haut débit est certainement exagéré mais il est sûr que l’ADSL représente un axe de développement majeur à considérer au même titre que l’automatisation du téléphone dans les années 70 ou l’avènement du Minitel dans les années 80.

Et ce développement majeur passe, pour France Télécom, par un renforcement pur et simple de son réseau. Notamment la multiplication par plus de deux du nombre de DSLAM. Les répartiteurs qui permettent de distinguer les communications téléphoniques des transferts de données équiperont tous les centraux téléphoniques de plus de 1 000 lignes. Leur nombre devrait ainsi passer à 8 000 en 2005 contre 3 000 actuellement, ce qui permettra d’étendre la couverture des zones raccordables à l’ADSL. Le renforcement des équipements sera accompagné du déploiement de 7 500 km supplémentaires de fibres optiques.

Des solutions pour les zones isolées

France Télécom souhaite également satisfaire les internautes des zones isolées, notamment celles pourvues de répartiteurs de moins de 1 000 lignes. Si le groupe déclare s’engager à ouvrir des accès ADSL à partir du moment où au moins 100 clients d’une même zone en font la demande, l’installation d’un DSLAM ne se fera qu’après évaluation des besoins réels. « Un mécanisme d’appréciation du potentiel de demandes des utilisateurs en liaison avec les collectivités locales suivi d’une préréservation par les fournisseurs d’accès sera mis en place », précise la direction du groupe. Et si la demande se confirme, elle ne fera que provoquer l’ouverture « d’une étude technique conduite par la Direction Régionale de France Télécom » pour estimer les délais de livraison. Les efforts de l’opérateur sont certes appréciables mais les futurs abonnés ADSL des zones isolées risquent de s’impatienter face aux lourdeurs administratives et techniques.

Les plus impatients – ou les plus fortunés – pourront toujours se tourner vers une offre par satellite visant à couvrir les zones non desservies par l’ADSL. Trois offres (dont deux proposées par les filiales Oleane et Wanadoo, la troisième permettant de choisir son FAI) permettront, dès septembre 2003, de disposer d’une gamme de débits bidirectionnels pouvant atteindre les 2 048 Kbits/s. Les tarifs n’ont pas encore été précisés. Enfin, cet été, France Télécom lancera une série d’expérimentations basées sur le couple satellite/Wi-Fi qui permettra, là aussi, de couvrir les zones non desservies via un point d’accès Wi-Fi (hotspot). Menées par Satlynx (société créée par SES Global, Gilat Satellite Networks et Alcatel Space/SkyBridge) pour le satellite et Cisco pour les routeurs et packs Wi-Fi, les expérimentations entreront en concurrence avec celles de Tiscali (voir édition du 29 avril 2003). Elles se dérouleront dans un premier temps à Autrans (Isère), La Cavalerie (Aveyron), Moustiers Sainte Marie (Alpes de Haute Provence), Neulise (Loire) et Vernou en Sologne (Loir et Cher).

Objectif : 3 millions de lignes ADSL fin 2003

A travers ces développements, qui nécessiteront 600 millions d’euros d’investissements sur trois ans, France Télécom vise les 3 millions de lignes ADSL d’ici la fin de l’année (le gouvernement en attend 10 millions avant 2007). Soit plus du double des 1,4 million d’abonnés constatés fin 2002 (voir télégramme du 10 janvier 2003). L’opérateur estime qu’il couvrira en 2005 les besoins en haut débit de 90 % de la population nationale contre 74 % aujourd’hui. A quand les 100 % ? Une révision des tarifs d’accès à l’ADSL pourrait également être de nature à favoriser le développement du haut débit en France – à condition, évidemment, que les opérateurs et FAI appliquent à leur tour les baisses tarifaires dans leurs offres. Mais aucune directive dans ce sens n’est officiellement à l’ordre du jour.

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