France Télécom vient de confirmer son plan de « pré-déploiement » de la fibre optique résidentielle (FTTH pour Fiber to the home) sur 2007 et 2008 pour un investissement de 270 millions d’euros. La fibre optique apportera des débits de l’ordre de 100 Mbits/s symétriques (autant en réception qu’en émission) chez les particuliers qui pourront ainsi profiter de l’accès Internet, de la téléphonie et de programmes audiovisuels haut de gamme, notamment la vidéo HD, sur plusieurs postes. A l’issu de cette phase, France Télécom espère avoir raccordé entre 150 000 et 200 000 foyers au très haut débit sur la base d’un parc d’un million de clients potentiels.
Cette phase préliminaire ouvrira ensuite la voie à un déploiement plus massif à partir de 2009. « Par pré-déploiement, il faut entendre que ce n’est pas un déploiement à l’échelle nationale comme France Télécom a l’habitude de le faire « , justifie Gaëlle Le Vu, directrice du projet Très Haut Débit (THD) chez France Télécom. Paris, sa proche banlieue et une dizaine de métropoles et villes moyennes seront les premières cités bénéficiaires de la fibre optique, dont Lille, Lyon, Marseille, Poitiers et Toulouse. « Et il nous reste quelques ajustements à faire sur l’industrialisation du processus », ajoute la dirigeante.
Le déploiement 2007-2008 fait en effet suite à la phase pilote annoncée en début d’année 2006. Cette première expérimentation a permis d’enregistrer 500 clients sur 11 500 boîtiers fibre optique installés dans six arrondissements parisiens et six villes des Hauts-de-Seine. Soit un taux de pénétration de 5 % des foyers raccordables comparable au démarrage de l’ADSL en 1999. Selon Gaëlle Le Vu, « c’est très satisfaisant ».
650 accords signés
Cette phase d’expérimentation a surtout permis à l’opérateur de valider les processus de déploiement. « Il s’agit d’une nouvelle boucle locale », précise la responsable. Rappelons que la boucle locale est constituée du lien entre la prise terminale du réseau et les équipements de l’opérateur. Autrement dit, un nouveau marché et une nouvelle technologie où tout reste à apprendre. Du bâtiment haussmannien aux grands immeubles en passant par le pavillon, » nous avons testé tout type d’habitat ». Selon Gaëlle Le Vu, les principaux obstacles sont essentiellement pratiques et procéduriers.
« Nous avons peu de refus de la part des syndicats de copropriété mais [la validation d’installation de la fibre] prend beaucoup de temps. » Le passage de la fibre dans les colonnes montantes, dont les plans ne sont pas toujours à jour ou bien documentés, et le choix de l’emplacement du boîtier de connexion chez le client final selon la configuration de son domicile, constituent les principaux facteurs de ralentissement du déploiement. Mais globalement, » nous sommes satisfait du pilote ». A ce jour, 650 accords ont été signés avec les syndic d’immeubles pour 100 000 kilomètres de fibre déployés.
France Télécom a fait le choix du réseau GPON (Giga ethernet Passive Optical Network), une architecture en arbre dont tous les équipements actifs sont gérés par le même opérateur. Face aux coûts immenses que constituent la construction de cette nouvelle boucle locale, France Télécom élabore une « charte qualité », laquelle prévoit « l’utilisation par les autres opérateurs de la fibre posée », selon le communiqué. Ce qui permet d’accélérer les investissements tout en ouvrant le marché aux opérateurs concurrents.
Le client conserve le choix de l’opérateur
Sauf que ceux-ci ne choisissent pas forcément la même architecture. Free et Neuf Cegetel optent pour le Point à Point qui permet à chaque opérateur d’installer ses propres équipements (les « boxes » ou passerelles domestiques) éventuellement différents chez les clients. Ce qui n’est pas possible avec le GPON qui revient à limiter l’accès du client final au niveau d’un boîtier de raccordement au bas de l’immeuble et non pas chez l’abonné directement. Ce qui peut poser des problème en terme de choix d’offre de services éventuellement liés aux passerelles domestiques qui, dans le cas du GPON, sont toutes identiques par bâtiment raccordé.
Un choix technique critiquable que France Télécom justifie d’un point de vue économique. « Le GPON est moins cher tant en terme de fibres que de génie civile », explique la responsable, « le mode point à point nécessite soixante fois plus de fibres. » Mais, selon elle, quelque soit la technologie sélectionnée, « le client final aura toujours le choix de l’opérateur », assure Gaëlle Le Vu. A condition que l’opérateur concurrent accepte de se plier aux conditions architecturales du réseau déjà installé et à vérifier que le mode de commercialisation de son accès se prête bien au jeu de la concurrence qui a permis l’explosion de l’ADSL à partir de 2003 en France.
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