France.fr : les erreurs à éviter lors du lancement d’un site Web d’envergure

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Après l’incident technique du portail France.fr, quelles sont les leçons à tirer pour éviter un tel cafouillage ? Enquête avec des témoignages d’experts IT.

Réaliser les tests de montée en charge avant la mise en production

Après la phase de développement, nombre de prestataires mettent en ligne le site sans avoir réalisé au préalable de test de montée en charge.

Une erreur préjudiciable qui a bien souvent raison de l’architecture technique dès les premières heures suivant la mise en production.

Pour éviter que ne survienne un incident, il est important de savoir si l’application sera capable de supporter un grand nombre de connexions. Et de lui faire passer ce qui est comparable à un « crash test » dans l’automobile.

Autrement dit, un site ne peut pas être ouvert sans que l’infrastructure technique qui le supporte ait été validé et correctement configuré.

« Nous réalisons systématiquement des tests de montée en charge, cela fait partie du cahier des charges que de délivrer un certain nombre de page par seconde » , confirme Benoit Jacquemont de Smile.

« Plus tôt les tests sont intégrés dans le processus, mieux ce sera pour anticiper les éventuels problèmes techniques » , renchérit Thibaud Bussières, l’un des fondateurs de Neotys, une société française spécialisée dans les logiciels de test en charge.

Le fait de réaliser tardivement les tests augmente le risque d’un incident technique majeur : « plus les tests sont réalisés tardivement, plus c’est couteux… d’autant qu’il faut stopper la production, ce qui vient s’ajouter au fait que l’on est dans un environnement de stress. »

La bonne conduite à tenir est donc de prévoir une phase dite de « pré-production » pour régler les derniers détails avant la recette finale et la mise en production.

« Plus l’application est complexe, plus il est difficile de prévoir la performance en production. D’où l’importance du test de charge selon différents scénarios » , résume Thibaud Bussières.

On se souvient de l’avarie qu’avait connu le portail de l’administration fiscale (Impôts.gouv.fr) en 2005, obligeant le ministère de l’Économie et des Finances à repousser la date d’échéance des télédéclarations.

A l’époque, Bercy avait répondu que c’était un problème de « bande passante » qui avait été à l’origine de l’impossibilité d’effectuer la démarche en ligne.

« L’intérêt du test en charge est avant tout d’estimer le nombre de serveurs dont il y aura besoin en vitesse de croisière et pour éventuellement anticiper les pics de trafic » , commente Thibaud Bussières.

Il analyse toutefois que « généralement, il ne suffit pas d’ajouter des machines et d’avoir sur-dimensionné la plate-forme technique pour régler le problème : c’est aussi souvent un problème logiciel. »

Une façon de laisser entendre que lorsque l’on teste, il est possible de provoquer un incident avant la mise en production pour éviter une mauvaise presse.

Et ainsi optimiser l’hébergement et/ou le code de l’application avant le lancement effectif du site.

« Ce genre d’incident est hélas encore fréquent », conclut Thibaud Bussières.

Voila qui pourrait faire un très bon proverbe : personne ne peut prédire la performance d’un service sans l’avoir testé.

Les propos surréalistes tenus sur France Info par un conseiller auprès du directeur du SIG l’attestent : « Un problème de configuration de serveurs, aggravé par une surprenante affluence dès 9h00, environ 50 000 visiteurs un jour férié. »

(Lire la fin du sujet page 3)

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