Franck Simon (France IX): « Le débit dans notre coeur réseau a été multiplié par dix en neuf mois »

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Interview du directeur général du principal point d’échange Internet à Paris et en France (135 membres). Il veut faire de France IX l’un des principaux carrefours de transit (GIX) en Europe.

ITespresso.fr : Le modèle économique est-il vraiment pérenne ?
Franck Simon : Oui, c’est exclusivement grâce à l’argent des membres de France IX que l’on a pu réaliser les investissements au bout de quelques mois. On a noué des partenariats forts dans la durée avec plusieurs constructeurs après des négociations ardues sur les tarifs pour upgrader l’infrastructure. Nous travaillons avec Brocade et Force 10 Networks [qui vient d’être acquis par Dell, ndlr]. On commence à regarder comment mettre place en place du 100 Gbit/s dans le coeur de l’infrastructure. On fait déjà du 120 Gbit/s (12×10 Gbit/s  que l’on peut pousser jusqu’à 40×10 Gbit/s). Mais les équipements que l’on a acquis supportent sans difficultés les interfaces 100 Gbit/s. Sur les 16 slots dont nous disposons, chacun d’entre eux a une capacité de commutation de 240 Gbit/s. Nos châssis ont des terrabits de capacité de commutation. Nous sommes obligés d’avoir des équipements qui paraissent surdimensionnés mais cela nous permet de réagir plus vite.

ITespresso.fr : Avec l’essor de la fibre à domicile, France IX sera de plus en plus sollicité…
Franck Simon : Cela ne peut que booster le trafic. On arrivera rapidement à 200 Gbit/s. Notre infrastructure peut supporter jusqu’à 400 Gbit/s. Je viens du réseau RENATER (membre de France IX). Je suis très pragmatique. Comparons par rapport aux autres points d’échange Internet en Europe : le DE-CIX de Francfort a dépassé en trafic moyen le terrabit. L’AMS-IX d’Amsterdam flirte avec le Terrabit également. Le LINX de Londres se situe à 600 Gbit/s. Au niveau de France IX, on est passé de 15 Gbit/s en janvier à 35 Gbit/s en mars. Fin juin, nous devrions atteindre les 100 Gbit/s. Et ce n’est pas fini. De nombreux data centers demandent à être rattachés à nos noeuds d’interconnexion. Pour les points de présence, nous montons des contrats d’hébergement dans les data centers pour abriter nos équipements (Interxion, TelecityGroup, Telehouse…). Et nous avons besoin d’infrastructures de fibres noires avec des longueurs d’onde pour rajouter de la capacité quand on en a besoin.

ITespresso.fr : C’est tout de même un véritable changement de paradigme. Avant, l’open peering reposait sur la gratuité de l’interconnexion…
Franck Simon : La plupart des points d’échanges en France étaient gratuits. Mais c’était une exception dans le paysage des GIX. Il a fallu sortir de la culture du gratuit pour monter une structure sûre, fiable et d’envergure internationale. On avait besoin d’une capacité d’investissement et de se montrer super réactif. Seul un business model payant était viable pour assurer le développement de l’open peering policy comme alternative au peering privé.  Nous sommes là pour trouver des solutions intelligentes pour que les flux passent par les points d’échange sans entrer en conflit avec les opérateurs. Même si certains d’entre eux ont signé des accords de peering quasi-exclusifs.

Un nouveau POP dans un data center de TelecityGroup
France-IX poursuit le déploiement de son réseau en installant un nouveau point de présence dans un data center « nouvelle génération » de TelecityGroup situé à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et baptisé Condorcet. Il avait été inauguré en janvier 2010. Déjà présent sur 7 centres d’hébergement (dont le site Energy Park de TelecityGroup situé à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine), France-IX consolide ainsi sa présence en région parisienne.

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