François Bourdoncle (Exalead) : « Le marché des outils de recherche en entreprise est ouvert »

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La start-up française a inauguré un outil de recherche sur disque dur. Elle prône l’interopérabilité pour se démarquer de ses concurrents.

(Rectifié le 19/07/05) Exalead est l’une des rares entreprises françaises à se montrer offensives sur le terrain de la recherche en ligne, un marché largement dominé par les Etats-Unis. Fin juin, la société high-tech française, qui fait partie du groupe industriel Qualis, a présenté son nouvel outil pour effectuer des recherches sur disque dur. Avec son effectif d’une trentaine de personnes (la moitié de l’équipe se consacre à la R&D) et des moyens financiers largements inférieurs à ceux dont dispose MSN Search, Exalead a adopté un positionnement décalé. Il parie sur le marché professionnel, qui serait plus prometteur que celui du grand public selon François Bourdoncle, PDG et cofondateur de la société avec Patrice Bertin.

(Interview réalisée le 28 juin 2005)

Vnunet.fr : A qui s’adresse Exalead Desktop ?

François Bourdoncle : Exalead se concentre sur le marché de la recherche pour les entreprises, qui s’élève déjà à 500 millions de dollars. Nous estimons que le marché sur lequel se positionne Exalead est beaucoup plus large. Il dépasse celui du marché des liens sponsorisés par les moteurs grand public qui se situe autour de six millards de dollars. C’est un terrain totalement vierge. A terme, Exalead Desktop sera vendu aux entreprises dans des versions encore plus sophistiquées. Nous avons désormais une gamme quasiment complète de services dédiés à la recherche sur Internet : le moteur Internet (sur Exalead.com), des offres professionnelles (version 3.1 d’Exalead Corporate) que nous commercialisons depuis cinq ans, mais aussi des logiciels pour des petits serveurs de départements qui seront mis sur le marché d’ici la fin de l’année.

Comment vous distinguez-vous des services concurrents de Google ou Yahoo ?

Exalead Desktop sert un peu de poupée gigogne qui chapeaute notre offre globale. Nous favorisons l’interopérabilité et l’homogénéité et permettons à nos utilisateurs d’effectuer des recherches fédérées sur l’ensemble des univers. Par exemple, Google propose d’une part une solution sur le Web, des solutions d’appliances pour les entreprises et d’autre part un outil de recherche sur disque dur. Mais ces produits ne sont pas interopérables. Récemment, Verity a été obligée d’acquérir l’outil de recherche locale d’une société de développement de logiciels en Australie (du nom de 80-20), qui n’a rien à voir avec sa technologie propriétaire. En l’état actuel, je ne vois aucun acteur sur le marché de la recherche qui tend vers l’interopérabilité, à part Exalead.

Pour l’exploitation grand public, que devient l’accord avec AOL France signé en 2002 ? Cette collaboration va-t-elle se maintenir ?

Le partenariat avec AOL France vient d’être renouvelé pour plusieurs années, et ce malgré l’accord européen signé avec Google en matière de liens sponsorisés. Cela prouve notre pertinence et la satisfaction que nous apportons aux utilisateurs français de notre portail.

Vous indexez actuellement deux milliards de pages Web sur votre moteur et vous comptez passer à huit milliards prochainement. Comment parvenez-vous à monter en puissance aussi rapidement ?

Récemment, nous avons effectué discrètement un rafraîchissement complet de notre base car nous tendons vers une mise à jour en temps réel des données. Nous avons également intégré les flux RSS. Nous finissons de mettre au point la technologie 64 bits qui va nous permettre de passer à une cadence supérieure. Cela fait sept ans que nous travaillons sur le sujet. Nous avons planifié tous nos développements. Actuellement, nous menons les investissements nécessaires autour des serveurs et de la bande passante pour faire évoluer la base de données indexées. Je ne peux pas vous communiquer le montant de nos investissements mais ils sont moins importants que ceux de nos concurrents comme Microsoft qui rattrape actuellement son retard accumulé pendant plusieurs années.

Dans quelle mesure Exalead contribue-t-elle au projet de super-moteur Quaero(voir édition du 26 avril 2005) ?

Exalead intervient dans ce projet en tant que specialiste de l’indexation des textes, que ce soit pour les utilisations professionnelles (intranet) ou pour les moteurs de recherche Web.

Vous avez connu l’ère d’Altavista. Trouvez-vous des points communs entre ce moteur pionnier et Google ?

J’ai travaillé en tant que consultant pour le compte d’Altavista. Il est difficile de trouver des points communs. Le business model est différent car nous ne vivons plus à la même époque : Altavista a adopté un modèle économique de portail, ce qui n’est pas le cas de Google qui a su profiter du développement des liens sponsorisés. Google a davantage une culture média comme MSN et Yahoo.


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