A l’issue du Conseil européen en partie dédié à l’économie numérique, François Hollande est revenu lors d’un point presse sur les révélations de cyber-espionnage organisé par les services secrets des Etats-Unis.
Que l’on pourrait découper en deux sujets. Les cyber-écoutes visant les dirigeants du monde (liste dans laquelle figure le Président de la République) et la cyber-attaque de l’Elysée au printemps 2012.
Il existe un point commun entre les volets : les révélations d’Edward Snowden, ex-consultant informatique de la NSA.
Au détour d’une question du journaliste Jean Quatremer (Libération), on apprendra d’ailleurs qu’Edward Snowden « n’a pas demandé l’asile politique en France ».
Sur la manière de sortir par le haut de cette polémique sur les écoutes électroniques, François Hollande et Angela Merkel, « soutenus par le Conseil européen », veulent créer un « cadre commun de coopération avec les Etats-Unis » pour mettre un terme « à ce type de dispositif de surveillance non maîtrisée ».
« Un délai est fixé jusqu’à la fin de l’année ».
Sachant qu’un « groupe de travail européen a été constitué pour connaître exactement ce qui s’était passé ». Qu’il « soit accéléré dans ses démarches », a commenté le Président de la République.
Les initiatives lancées pourraient déboucher « sur un code de bonne conduite en la matière d’ici la fin de l’année ».
Tout en poursuivant : « Nous avons un dialogue avec les Américains, qui veulent organiser différemment les choses. Allons-y. »
La question sur la sécurisation des téléphones portables pour les plus haut représentants de l’Etat est abordé.
« Nous faisons très attentions à toutes les communications essentielles et donc sécurisées », assure François Hollande. « Pour les affaires les plus délicates, tout est sécurisé. Il faut à chaque fois élever le niveau de sécurité. »
François Hollande a tenu à souligner les priorités perçues dans ce débat : « la protection des données personnelles » (« En ce qui concerne les pays souverains, c’est leur propre sécurité. ») et les réelles motivations de la surveillance « à but politique mais surtout économique ».
« Les enjeux sont essentiellement économiques : marchés, prix, fusions-acquisitions…L’espionnage est essentiellement industriel. C’est là que les surveillances peuvent avoir le plus d’impact. Y compris sur l’emploi. Je parle de la vie réelle. »
Rappelons que la cyber-sécurité a été placée comme une priorité dans la prochaine loi de programmation militaire.
L’autre grand sujet du jour sur la sécurité IT : ce sont les nouveaux éléments dévoilés par Le Monde concernant la cyber-attaque de l’Elysée « identifiée » entre les deux tours de l’élection présidentielle (avril – mai 2012) et prise en main « dès mon arrivée aux responsabilités », glisse François Hollande.
Tout en précisant que cette attaque a été « déjouée ». « Nous avons sécurisé encore davantage [l’Elysée, ndlr]. Cette attaque n’a pas eu d’effet. »
Quelle est la nature de cet assaut ? L’identification de « bretelles de dérivation permettant de capter les informations de la présidence et des mécanismes de piratages des ordinateurs des principaux collaborateurs du chef de l’Etat ».
Le Monde a publié une note interne top secrète de la NSA de quatre pages (dévoilée avec la collaboration d’Edward Snowden).
Bernard Barbier, Directeur technique de la DGSE (services secrets extérieurs français), et Patrick Pailloux, Directeur de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informations (ANSSI), se sont rendus le 12 avril dernier à l’agence américaine de renseignement pour « demander des comptes à leurs homologues américains qu’ils suspectent d’être derrière ce piratage ».
A travers cette note, on découvre la propre analyse de la NSA sur la cyber-attaque ayant visé la Présidence de la République française. Elle tend à dédouaner les services de renseignement américains mais laisse planer un soupçon sur l’implication de l’Israël.
Interrogé sur ce rebondissement, François Hollande a déclaré que « toutes les investigations ont été menées pour connaître les auteurs de cette cyber-attaque. D’où les contacts pris notamment avec la NSA par nos services. »
Mais le Président de la République laisse planer le doute sur les véritables commanditaires. « Le Monde a plusieurs pistes. Nous aussi. »
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