Journée spéciale innovation avec François Hollande à San Francisco. Le Président de la République vient promouvoir la France comme Start-up nation. Ce qui est gonflé dans la Silicon Valley. Mais il est vrai que l’on ne va pas bouder son plaisir. La dernière visite d’un Président de la République dans cette région symbole même de l’innovation remonte à trente ans (François Mitterrand à l’époque).
Plus de 100 000 Français vivent en Californie (dont 60 000 à San Francisco et la Silicon Valley). C’est la communauté la plus importante des Etats-Unis (au même niveau que New York, voire davantage).
Au programme de cette journée high-tech, François Hollande a été reçu par Edwin M. Lee, le Maire de San Francisco, pour recevoir les clés de la Ville. Il a rencontré des chefs d’entreprise américains, dont des dirigeants Internet Sheryl Sandberg (Facebook), Eric Schmidt (Google) et Jack Dorsey (Twitter, Square). Lors d’un déjeuner dans un restaurant français de San Francisco, il a pu s’entretenir avec Tony Fadell (Nest Labs, acquis par Google) et Marc Benioff (CEO de Salesforce.com).
Le spécialiste des solutions cloud pour les entreprises s’est empressé de diffuser un communiqué soulignant l’implantation renforcée de la firme en Europe : un premier data center au Royaume-Uni et un nouveau centre de données en France à l’horizon 2015. Salesforces rappelle à cette occasion qu’elle ouvert un nouveau centre de R&D à Grenoble en mai 2013 et qu’elle a également procédé à plusieurs acquisitions de sociétés en France (Instranet et EntropySoft).
Dans l’après-midi, François Hollande s’est rapproché de l’écosystème start-up en inaugurant l’accélérateur US French Tech Hub avec la présentation d’innovations de sociétés françaises qui comptent percer aux Etats-Unis. Selon 20Minutes, il s’agit d’aider une soixantaine de start-up par an à décoller en Californie. Avec la collaboration de l’Agence régionale de développement (ARD) Ile-de-France et Ubifrance, le budget annuel de la structure devrait se situer autour d’un million d’euros à partir de 2015, « après une période de rodage cette année ».
Par mail, nous avons pu recueillir des réactions à chaud de certains Net-entrepreneurs qui exposent au nom de l’US French Tech Hub ou qui font partie de la délégation présidentielle officielle.
Comment percevez-vous la visite de François Hollande dans la Silicon Valley ?
C’est une visite très importante. C’est un message fort pour les entrepreneurs français dans la vallée. La France n’est pas juste un gisier de ressources techniques pour San Francisco, c’est aussi un ensemble d’entrepreneurs Français qui viennent conquérir les Etats-Unis.
Avez-vous pu discuter avec lui sur place pour évoquer vos ambitions ou vos préoccupations ?
Oui nous avons présenté les offres de Genymobile et tout particulièrement notre émulateur Android Genymotion qui vient de franchir la barre des 800 000 utilisateurs dans le monde. Il a été très impressionné par notre produit et très fier de voir qu’une jeune entreprise française arrive à conquérir le marché américain et d’avoir comme client : Facebook, Twitter, Square, …
A travers votre présence à cet évènement, que cherchez-vous à San Francisco pour votre développement ?
Nous recherchons principalement des partenaires technologiques pour intégrer notre émulateur dans leur offre. Nous discutons actuellement avec Appcelerator, Apportable et Samsung.
Comment percevez-vous la visite de François Hollande dans la Silicon Valley ?
Très positivement. Le Président est à l’écoute des start-up et entreprises innovantes francaises qui ont des ambitions à linternational et montre par cette action symbolique son engagement à les aider.
Avez-vous pu discuter avec lui sur place pour évoquer vos ambitions ou vos préoccupations ?
Les représentants des entreprises de la « French Tech » (Eric Carreel, Stephane Distinguin, Benoit Thieulin, Anne Lauvergeon, Ludovic Le Moan, David Sourdive, Yseulis Costes et moi même) ont pu durant le vol entre Washington et San Francisco aujourd’hui passer une heure avec François Hollande et Fleur Pellerin dans la meeting room de l’avion présidentiel pour discuter des enjeux de notre nouvelle économie et de la volonté de faire connaître à l’international (et en particulier aux US) l’excellence de belles réussites françaises, positionnant ainsi la France vers le futur et l’innovation.
A travers votre présence à cet évènement, que cherchez-vous à San Francisco pour votre développement ?
L’idéal pour nous BlaBlaCar sera de pouvoir échanger des méthodes et connaissances sur les implications et process permettant aux start-up de grandir vite et efficacement. Les enjeux sont la globalisation (internationalisation) et la structuration de l’entreprise. Les start-up de la Silicon Valley ont développé un savoir-faire unique en la matière et nous espérons que les échanges seront bénéfiques !
Des entrepreneurs français déjà installé à San Francisco vont accueillir le Président de la République. Avec plus ou moins d’enthousiasme. Car certains d’entre eux considèrent que la France n’est pas suffisamment attractive pour faire émerger des start-up qui comptent pour des raisons diverses (fiscalité, manque d’esprit entrepreneurial, contraintes administratives, manque de débouchés…).
Ainsi, dans Le Monde, Marc Rougier, co-fondateur de la start-up Scoop.it (curation) d’origine toulousaine, considère qu’il était indispensable de venir à San Francisco. « Je ne suis pas ici pour échapper à l’impôt. Je paie plus ici qu’en France, explique l’entrepreneur. Je suis là parce que l’Internet est là. » Tout en pointant du doigt ce qu’il considère comme le talon d’Achille de la French Touch : la peur du risque. « On est topissime pour la capacité à innover. On est des intellos brillants, innovants, mais conservateurs. On est fort sur l’innovation comme jeu intellectuel. Ici on passe à l’acte. »
Dans le monde de l’open source, on encourage François Hollande à prouver que la France est une « start-up republic ».
Comment percevez-vous la visite de François Hollande dans la Silicon Valley ?
Je pense que c’est une très bonne nouvelle et que c’était nécessaire. La France souffrait d’une image négative, le Président a compris qu’il fallait soutenir l’innovation et les entrepreneurs français mais aussi rassurer le marché américain. Pour les entrepreneurs français, c’est un peu la confirmation de ce que nous avions vu avec Fleur Pellerin [ministre de l’Economie numérique, ndlr] qui a très bien compris les préoccupations et besoins des petites et moyennes entreprises, un réel travail de fond a été fait, ces mesures doivent maintenant être confirmées et soutenues par le Président.
Avez-vous pu discuter avec lui sur place pour évoquer vos ambitions ou vos préoccupations ?
Un créneau de deux heures a été prévu, je vais donc avoir le temps de discuter avec lui.
Quels messages souhaitez-vous faire passer ?
Que les entrepreneurs français, les start-up ont besoin de se sentir aimées et reconnues dans leur pays comme c’est le cas aux Etats-Unis. Comme evoqué auparavant, la perception des entrepreneurs en France est en train de changer progressivement, il faut soutenir l’innovation et l’entrepreneuriat. La France est encore aujourd’hui un paradis de l’innovation en Europe, la France doit rester ambitieuse et investir pour renforcer l’écosystème privilégié dont elle dispose (investisseurs, incubateurs d’entreprises, centres de recherche, universités etc…).
N’étant pas français, je peux donner ma vision des entrepreneurs aujourd’hui : les entrepreneurs sont des personnes qui n’ont pas peur de prendre des risques qui ont parfois lâché leur job et pris le risque d’être au chômage pour s’investir dans un projet dans lequel ils croyaient, des personnes qui sont maintenant capables d’attirer des investisseurs français et internationaux pour créer de l’emploi. Il faut aussi bien différencier les petites et moyennes entreprises des grands groupes et les aider à se développer et faire des mesures s’adaptant à ces petites entreprises.En France, j’ai l’impression que dès qu’on a passé la barre des 50 salariés, on voit qu’il y un malaise, il ne faut pas appliquer les même mesures qu’une société de 10 000 personnes. Il y a différents types d’entreprises, il faut donc cibler les actions, les différentes étapes.
Autre figure de l’open source à la Française vivant en Californie, Bertrand Diard, Chief Strategy Officer de Talend (intégration et gestion de données dans une approche big data), évoque lors d’un appel vidéo via Skype en direct sur BFM que François Hollande devrait s’inspirer de la Silicon Valley. « Non pas pour dupliquer le modèle en France. Mais y trouver une manière d’être complémentaire. »
Mais le Net-entrepreneur français installé en Californie (fondateur de Kwarter) a surpris tout le monde en acceptant une accolade du Président de la République devant l’assistance (« François Hollande giving a hug to Carlos Diaz » peut-on voir sur sa page Facebook).
Sur France Info, Carlos Diaz prodiguait déjà un conseil un conseil au Président de la République : « Qu’il arrive dans la Silicon Valley, qu’il aille voir les entrepreneurs américains et qu’il les prenne dans ses bras ». Bah, il a été entendu.
Pour boucler cette fin de journée californienne, une rencontre avec la communauté française à l’hôtel Hilton Union Square était prévue avec une allocution du Président de la République.
Il y a quelques déceptions éphémères : Alexandre Zapolsky, P-DG de Linagora présent dans la délégation officielle, a essayé de transmettre au Président de la République une peluche « pingouin républicain symbole de Linux » mais « Mr @fhollande vous avez oublié votre cadeau » (voir photo en bas).
Quiz : Connaissez-vous le crowdfunding ?
(Credit photo : merci à PF Fournier @pf_fournier)
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