Google a eu le dernier mot dans son contentieux face à Gabriela Rojas-Lozano.
Cette résidente du Massachusetts avait déposé, le 22 janvier 2015, une plainte au civil contre le groupe Internet, accusé de tirer un bénéfice excessif de son service reCAPTCHA en le détournant à des fins commerciales, au détriment des internautes.
Le CAPTCHA (« Completely Automated Public Turing test to tell Computes and Humans Apart »), c’est ce système de filtrage des robots qui consiste, pour l’utilisateur d’un service en ligne, à prouver qu’il est bien un humain, généralement en recopiant un ou plusieurs mots ou des séries de caractères.
Gabriela Rojas-Lozano y a eu affaire en août 2014, lorsqu’elle a ouvert un compte de messagerie électronique sur Gmail. Il lui a fallu renseigner non pas un, mais deux mots.
D’après elle, seul le premier serait en fait connu de Google et donc utilisé pour la vérification. Le deuxième serait systématiquement issu d’une base de mots non reconnus par la technologie de reconnaissance optique de caractères (OCR) dont la multinationale se sert notamment dans le cadre de la numérisation d’ouvrages (projet Google Books).
En d’autres termes, lorsque l’OCR ne fonctionne pas, ce sont les internautes qui font le boulot… sans être avertis et sans compensation.
Parfois, reCAPTCHA affiche des numéros qui font penser à des plaques de rues. Gabriela Rojas-Lozano estime que c’en sont effectivement et que leur « transcription » alimente Google Street View.
Certains partenaires en profiteraient aussi indirectement, comme le New York Times, pour la numérisation de ses archives papier.
La juge Jacqueline Scott Corley, chargée du dossier transféré au circuit fédéral de Californie, a considéré, mercredi dernier, que la plaignante n’avait pas su démontrer que les « quelques secondes » passées à saisir un mot devaient effectivement donner lieu à compensation.
Ce temps serait, selon la magistrate, négligeable par rapport au service rendu (dans le cas présent, l’ouverture gratuite d’un compte Gmail). Si bien que les internautes « ne renonceraient pas », même mis au courant des pratiques de Google – qui peut par ailleurs améliorer d’autres services eux aussi « gratuits » (la question de la publicité n’est pas abordée dans le jugement).
Pour Eric Goldman, le jugement est plein d’enseignements. Tout particulièrement au regard d’une décision similaire déjà prise en faveur de Yelp après qu’un internaute eut demandé que les contributeurs qui laissaient des avis sur des lieux touristiques soient rémunérés.
Ce professeur de droit à l’université de Santa Clara estime que la justice américaine a établi une base commune : un échange en ligne entre deux parties peut supposer que l’une et l’autre n’en tirent pas exactement la même valeur sans que cela soit porté devant les tribunaux.
* Référence du dossier : Rojas-Lozano v. Google, Inc., 15-cv-03751
Crédit photo : BLACKDAY – Shutterstock.com
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