Toutes les entreprises qui cherchent à décentraliser la monnaie auront la tête coupée.
On peut lire ce commentaire sur la page Facebook de PlexCorps, parmi d’autres messages de soutien dont certains postés par des investisseurs du projet.
Ces derniers ont participé à une ICO qui vaut aujourd’hui à la société d’être scrutée par la SEC (Securities and Exchange Commission).
Dénonçant une fraude, le régulateur des marchés financiers aux États-Unis a porté plainte auprès d’un tribunal de New York.
Dans son collimateur, le dénommé Dominic Lacroix, résident canadien âgé de 35 ans et qui a déjà eu maille à partir avec la justice. En l’occurrence au Québec, où il a plaidé coupable à plusieurs chefs d’accusation – parmi lesquels la pratique illégale de courtier – dans une autre affaire de fraude impliquant sa société Micro-Prêts.
Avec PlexCorps, il est resté dans le domaine de la finance, mais en promettant « la prochaine cryptomonnaie », sur base Ethereum, avec, entre autres, des transactions validées en 30 secondes et « une efficacité de stockage accrue » par rapport à Bitcoin.
Malgré l’offensive de la SEC, l’entreprise garde le cap, se défendant de toute fraude.
Elle prévoit toujours d’adosser à sa cryptomonnaie plusieurs cartes de paiement qui donneront notamment jusqu’à 10 % de réduction sur les achats.
Une vingtaine de participants à l’ICO ont été sélectionnés pour une phase d’expérimentation qui doit aboutir à une disponibilité générale au 1er trimestre 2018… avant l’ajout d’une autre brique : une banque qui proposera « un service de placement de votre cryptomonnaie à l’abri de la variation des marchés » afin d’assurer « des rendements garantis très intéressants ».
Ces promesses, compilées dans un livre blanc publié début août, ont permis à PlexCorps de lever l’équivalent d’environ 15 millions de dollars, selon la SEC, qui estime que les ventes de PlexCoin (terme orthographié sans s au pluriel) se sont poursuivie au terme de l’ICO.
L’opération avait démarré le 8 août par une prévente. Elle s’était officiellement conclue le 5 septembre. Il était alors question d’un marché secondaire pour les PlexCoin à compter du 10 septembre.
L’indexation sur les plates-formes d’échange, à commencer par Cryptopia, avait finalement attendu plusieurs semaines. PlexCorps attribue ce retard aux « nombreuses questions » que lesdites plates-formes ont pu lui poser face à la « mauvaise publicité » dont elle déclare avoir fait l’objet depuis le mois de juillet.
Considérant que « les médias vont trop loin », l’entreprise, qui réunit 11 000 abonnés sur sa page Facebook, prévoit d’émettre un communiqué « dans les prochains jours ».
La SEC vient pour sa part d’en diffuser un, se félicitant d’avoir obtenu le gel des avoirs de PlexCorps, de Dominic Lacroix et de Sabrina Paradis-Royer, 26 ans, présentée comme sa compagne.
Le couple aurait détourné ou tenté de détourner au moins l’équivalent de 200 000 dollars pour des dépenses personnelles, d’après le gendarme des marchés financiers, qui rappelle que son homologue au Québec avait tiré la sonnette d’alarme au mois de juillet.
Le tribunal sollicité dans ce cadre avait considéré que l’ICO tombait sous le régime de l’offre de titres au public et qu’elle aurait par là même dû faire l’objet d’un enregistrement.
Même réflexion pour la SEC, qui pointe d’autres allégations « fausses » ou « trompeuses ».
Sur la liste, le fait que PlexCorps ait prétendu disposer d’un réseau d’une cinquantaine d’experts dans le monde, alors que son équipe se composait de « quelques personnes localisées au Québec ».
Il est également reproché à la firme d’avoir gardé secrète l’identité de son dirigeant, officiellement pour « éviter des débauchages par la concurrence ».
La SEC souligne aussi les « irraisonnables » retours sur investissement que PlexCorps annonçait sur son site : pour les premiers investisseurs à 11 cents le PlexCoin, une plus-value de 1 354 % était promise sous 29 jours.
La SEC a d’autres ICO dans son radar. Elle a tout particulièrement porté plainte, en octobre, contre deux sociétés dirigées par l’homme d’affaires Maksim Zaslavskiy : REcoin Group et DRC World, qui devaient respectivement investir les fonds levés dans l’immobilier et les diamants.
Crédit photo : wuestenigel via Visualhunt / CC BY
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