Trois mois après son annonce fracassante d’abonnement gratuit à l’accès rapide à Internet ADSL (voir édition du 17 décembre 1999), le fournisseur d’accès Free vient d’annoncer qu’il n’acceptait plus les nouvelles inscriptions à partir de ce soir. Les abonnés actuels conserveront leur accès. Cette annonce ne concerne que le service ADSL et pas la connexion gratuite par modem classique. Le plus surprenant, c’est que les arguments utilisés pour expliquer cet arrêt momentané sont les mêmes qui justifiaient à l’époque la gratuité de l’accès. A savoir, la qualité du service ADSL fourni par France Télécom plus qu’aléatoire.
« Nos abonnés subissent vraiment un service de qualité déplorable », nous a expliqué Christophe Franchini, Directeur commercial chez Proxad, société mère du service Free. « Nous n’avons aucune maîtrise de la fourniture de l’accès ADSL puisque nous dépendons entièrement de France Télécom ». Et de rajouter que les abonnés ADSL de Wanadoo, la filiale de France Télécom, ne semblent pas subir de tels désagréments. Suivez son regard. « Nous savions que l’accès ADSL ne pourrait être de bonne qualité, et c’est pour ça que nous avions choisi de le laisser gratuit. Mais à ce point là, ce n’est plus possible », continue Christophe Franchini.
Chez Free, on explique que l’utilisation de l’ADSL par les internautes a été dès le début sous-estimée. Par définition, un tel accès haut-débit, cher mais payé au forfait donc indépendant de la facture téléphonique, intéresse essentiellement les gros consommateurs d’Internet, accros au téléchargement. Et, selon le FAI gratuit, chaque « plaque » de connexion à ADSL de France Télécom est calculée pour accueillir 440 abonnés, ce qui correspond à un débit de 3,6 kbits/s. Autrement dit, on est plutôt loin des 500 kbits/s que l’on doit pouvoir atteindre en vitesse de pointe avec l’ADSL. Même si tous les abonnés ne se connectent pas en même temps. « Le problème, c’est que sur notre plaque Rive Droite Ouest (à Paris, ndlr) , nous n’avons que 60 abonnés et nous sommes pourtant toujours à fond », insiste Christophe Franchini.
On l’a compris, le torchon continue de brûler entre France Télécom et Free, au sujet de l’ADSL. Les abonnés Free sont plutôt irrités, à l’image des abonnés de cybercâble. Chez Free, on attend avec impatience l’application de la décision de l’Autorisation de régulation des télécommunications (ART) publiée le 21 février janvier dernier, demandant à France Télécom de faciliter l’offre d’interconnexion des technologies xDSL. Free, et d’autres FAI, pourraient alors mieux maîtriser techniquement leur offre d’Internet rapide. L’opérateur historique vient de faire appel de cette décision et compte bien faire traîner les choses aussi longtemps que possible.
Pour en savoir plus :
* Free
* ART
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