Fuite de données : vers une « sanction RGPD » dans le secteur de l’intérim ?
La Cnil est appelée à se prononcer sur le cas d’une agence d’intérim en ligne qui a laissé, en libre accès sur Internet, les profils de 40 000 personnes.
Depuis quand les données étaient-elles accessibles ? Quelqu’un les a-t-il récupérées ?
Certaines questions restent officiellement sans réponse en l’état de l’enquête que mène Alphyr.
Le groupe français, spécialisé dans le recrutement et le travail temporaire avec trois enseignes en franchise (aquila RH, Lynx RH, Vitalis), dit faire face aux conséquences d’une « erreur humaine ».
Cette dernière, intervenue « suite à un test [sic] », a touché l’une de ses filiales. En l’occurrence, l’agence d’intérim en ligne MisterTemp’.
Des serveurs de stockage mal sécurisés ont exposé, selon Alexandre Pham, les profils de 40 000 personnes.
L’article dans lequel le principal dirigeant d’Alphyr dresse ce bilan est paru au lendemain d’une publication signée du chercheur ukrainien à l’origine de la découverte.
L’intéressé était tombé sur les serveurs en question le 21 décembre 2018, lors d’une recherche dans le moteur Shodan. Il y avait découvert près de 3 millions d’entrées contenant des noms, des e-mails, des adresses postales, des dates de naissance ou encore des numéros de téléphone. Mais aussi des informations d’identité et de sécurité sociale, avec parfois des liens vers les documents numérisés.
La première alerte faite le jour même aux équipes de MisterTemp’ était restée sans suite, sinon un message automatique d’absence.
Les relances effectuées à partir du 28 décembre n’avaient pas eu plus d’effet ; y compris celle à l’attention du Centre gouvernemental de veille, d’alerte et de réponses aux attaques informatiques (CERT-FR).
L’appel lancé le 9 janvier a eu davantage d’écho. Avec l’appui d’un journaliste spécialisé, l’information est parvenue à MisterTemp’, qui a mis les données hors ligne.
Des doutes subsistent quant à la possibilité que des tiers aient récupéré des données. MisterTemp’ reconnaît avoir détecté un « téléchargement partiel », mais qui émanait peut-être du chercheur ukrainien ou des autorités françaises.
L’entreprise s’est engagée à notifier les individus touchés. Elle assure avoir « immédiatement » averti la Cnil. Celle-ci est en mesure d’infliger des sanctions, entre autres si elle constate l’absence de mesures suffisantes pour protéger les données.
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