Eric Woerth, ministre du Budget, tient sa feuille de route pour élaguer le dossier de la libéralisation du marché des jeux d’argent et de hasard en France. Après avoir dévoilé les grandes orientations de la réforme le 6 juin, il vient d’effectuer une communication dans ce sens lors du dernier Conseil des ministres qui s’est déroulé hier. D’ici 2009-2010, les paris sportifs et les jeux de casino en ligne seront doncs légalisés en France. Mais dans quelle mesure ? La publication du rapport Durieux, rendu fin avril au gouvernement, a permis de présenter les grands enjeux d’une « ouverture maîtrisée » du marché.
Pour le compte du cabinet d’études Ineum, François-Xavier Leroux, boucle une étude sur le marché des jeux en ligne en Europe, dans un contexte de libéralisation en France. Dans le monde, ce business devrait peser 873 millions de dollars d’ici 2012 (contre 300 millions en 2006). En Europe, le marché des jeux d’argent en ligne devrait croître de 123% d’ici la même échéance et dépasser le chiffre d’affaires réalisé via des canaux physiques de distribution.
Vnunet.fr : Dans quelle mesure le gouvernement a suivi les recommandations du rapport Durieux ?
François-Xavier Leroux : Plusieurs scénarios possibles étaient présentés. Que ce soit les jeux d’argent, les jeux de casinos et les paris sportifs, le gouvernement sembler favoriser une ouverture assez large. C’est une attitude volontariste de sa part, tout en restant pragmatique. Par exemple, on ouvrirait au pari mutuel pour les courses hippiques, ce qui revient à la fin du monopole du PMU. C’est une grande concurrence qui arrive mais uniquement sur Internet. Pour les paris sportifs, la cote fixe serait autorisée. Jusqu’à présent, ce modèle, qui consiste pour un parieur de jouer contre un bookmaker, était interdit en France. Une brèche avait été ouverte avec Côté Match de la Française des Jeux qui reposait un peu sur ce système [un jeu de pronostics sportifs, ndlr]. Naturellement, l’Etat compte encadrer l’évolution du marché, à travers une haute autorité dédiée en charge de la régulation de ce marché.
Vnunet.fr : La France peut-elle devenir l’un des pays leaders des jeux en ligne?
François-Xavier Leroux : Le gouvernement estime que le marché gris du jeu d’argent en ligne se situe entre cinq et sept milliards d’euros. Maintenant, un marché important, encadré par la loi, est en train d’éclore. Pour l’instant, la part des jeux en ligne dans le budget global que les foyers accordent au jeu en général est relativement faible. Entre 2 et 3% actuellement sur un budget de 750 euros par an et par habitant. Cela représente un tiers ou la moitié du niveau observé en Autriche ou au Royaume-Uni. Le propension des Français à joeur en ligne est moindre que dans d’autres pays en l’état actuel. Mais, même avec un budget jeu en ligne qui doublerait par foyer, cela représente une manne assez significative.
Vnunet.fr : Les différents acteurs du jeu en ligne ayant des prétentions en France peuvent-ils y trouver leur compte ?
François-Xavier Leroux : Le gouvernement vient de donner les grandes directions pour ouvrir le marché. Reste à voir quelles seront les modalités. Mais les premiers signaux sont favorables à des spécialistes du poker en ligne mais aussi pour les groupes casinotiers plus globalement comme Partouche qui a mené un lobbying intense pour que le marché des jeux d’argent s’ouvre en France.
Une concurrence multi-formes va débarquer |
Les jeux en ligne, un nouvel eldorado ? Ineum estime que la Française des Jeux et le PMU vont avoir fort à faire avec des acteurs européens qui attendent avec impatience l’ouverture du marché des jeux d’argent et de hasard et des paris sportifs. Certains opérateurs sont déjà cotés à la bourse de Londres (Unibet, 888.com, PartyGaming) ou de Vienne (Bwin). Et les clubs de sport pourraient s’en mêler. Actuellement, la Française des Jeux et le PMU ont des positions relativement marginales sur Internet au regard des sommes générées, tous canaux confondus. En 2006, la société détenant le monopole sur les jeux de hasard a généré un chiffre d’affaires de 30,1 millions d’euros (avec une estimation à 34,8 millions en 2007) tandis que le groupement détenant le monopole sur les paris hippiques a réalisé un CA de 96,7 millions d’euros sur Internet en 2006 (111,6 millions prévus en 2007. |
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