C’est non… en attendant une offre plus généreuse ?
À l’issue d’une réunion tenue ce vendredi, le conseil d’administration de Gameloft rejette, à l’unanimité, le projet d’offre publique d’achat déposé le 18 février dernier par Vivendi auprès de l’Autorité des marchés financiers.
Ayant franchi le seuil des 30 % de participation au capital de l’éditeur de jeux vidéo mobiles, le groupe de Vincent Bolloré était légalement contraint de lancer cette OPA.
Il l’avait fait en marge de la présentation de ses résultats annuels, pour l’équivalent de 6 euros par action, soit une prime de 50,4 % sur le cours boursier du 14 octobre 2015.
C’est à cette date que le groupe de communication, qui fédère Canal+, Universal Music et Dailymotion, avait lancé les hostilités en réalisant une première incursion dans la maison Gameloft, à hauteur de 6,2 % des parts.
Une participation rapidement portée à 10,2 %, ce qui faisait de Vivendi le troisième actionnaire de la société d’édition et de développement de jeux vidéo, derrière les fondateurs (13,67 %) et Amber Capital (11,66 %).
Le seuil légal des 15 % avait été franchi à la mi-novembre. Celui des 20 %, le 1er décembre 2015 et celui des 25 %, deux jours plus tard.
Les différentes déclarations de franchissement des seuils et d’intentions adressées à l’AMF ont laissé entrevoir qu’à la mi-décembre, Vivendi avait conquis 28,2 % du capital. À l’époque, il n’était pas encore officiellement question d’une OPA, mais plutôt d’une « approche constructive permettant d’étudier une collaboration fructueuse pour les deux groupes ».
Vivendi considère que les jeux vidéo font partie de sa stratégie et entrevoit des synergies avec ses différentes activités médias.
Du côté de Gameloft, on ne perçoit pas la même évidence : Vivendi « n’a plus aucune activité susceptible d’apporter des synergies à [l’entreprise] » depuis la vente, il y a plus d’un an, de son activité jeux.
La CA souligne aussi « la déstabilisation des équipes de Gameloft » (6 700 employés) résultant de cette offre hostile… et « l’insuffisance des termes financiers de l’offre, au regard de la valeur intrinsèque et des perspectives de Gameloft, déjà partiellement reflétées par le cours de l’action […] ».
Ce dernier point a son importance : sous l’effet de la spéculation, l’action cote actuellement à près de 7 euros, rendant l’offre de Vivendi peu intéressante. Il est probable que Gameloft et ses actionnaires attendent que Vincent Bolloré revienne à la charge en proposant un montant plus important.
Officiellement, la famille Guillemot, fondatrice de Gameloft, refuse toute prise de contrôle par Vivendi.
Réaffirmant aussi l’indépendance de son autre studio Ubisoft*, au nom de l’agilité pour prendre des décisions rapides, elle considère que le groupe média a un profil trop européen : pour envisager un développement international via un film adapté d’un jeu vidéo, elle solliciterait plutôt Fox, Warner ou Sony Pictures.
* Lorgnant aussi Ubisoft, Vivendi s’est rapproché de la barre des 15 % de capital, contre 9 % pour la famille Guillemot. Le groupe média détient, en parallèle, 30,01 % du capital de Gameloft (et 26,72 % des droits de vote), contre 18,99 % pour la famille Guillemot (et 27,26 % des droits de vote), selon un avis publié par l’AMF.
Crédit photo : Vdovichenko Denis – Shutterstock.com
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