Gecko, la botte secrète de Netscape
Plus que quelques semaines avant la sortie du prochain Navigator de Netscape. Il sera le premier à utiliser Gecko, une brique logicielle ultra-légère et ultra-rapide chargée du rendu des pages Web.
D’ici trois semaines devrait enfin être disponible la nouvelle version majeure du butineur Internet de Netscape, Navigator. Le développement a pris tellement de temps que le numéro de version passera directement de 4.7 à 6.0. Impossible en effet de s’appeler 5.0 alors que Microsoft devrait bientôt sortir une version 5.5 de son Internet Explorer.Plus qu’un simple butineur, le prochain Navigator sera surtout le premier logiciel a utiliser le moteur d’affichage Gecko. Pierre angulaire de la nouvelle stratégie de Netscape, racheté par AOL fin novembre 1998, Gecko est le résultat d’une refonte complète du coeur du navigateur. Il s’agit d’un moteur d’affichage des pages HTML et XML, entièrement modulable et intégrable dans n’importe quel autre logiciel connecté au Web. Et c’est l’arme secrète de Netscape pour reprendre un peu du poil de la bête après s’être fait tailler des croupières par Microsoft sur le marché des butineurs. Pour y parvenir, Gecko rassemble un grand nombre d’atouts. Il promet tout d’abord d’être léger et donc plus facilement téléchargeable. De plus, il sera disponible sur un très grand nombre de plate-formes : Windows, MacOS, Linux, Solaris, HP/UX, AIX, BeOS, OS/2 Warp, Open VMS et même Amiga. On remarquera tout de même l’absence des systèmes pour PC de poche, tels Windows CE, PalmOS et Epoc. Gecko veut également offrir la compatibilité la plus large. Outre les standards classiques du Web (HTML 4, XML, Java, etc.), le logiciel supportera également les contrôles ActiveX de Microsoft. Et il introduira également la notion de plug-in Java, qui permet aux développeurs de ces composants logiciels de ne les développer qu’une seule fois, quel que soit le système d’exploitation. Autre nouveauté importante, Gecko sera le premier à utiliser le langage XUL (il paraît qu’il faut prononcer « zoul »), un acronyme qui signifie XML User interface Language. Son principe est de permettre aux développeurs de programmer des interfaces graphiques en langage XML, donc compatibles là aussi avec tous les systèmes, plutôt qu’en se basant sur des outils propriétaires. Une même interface serait donc utilisable partout. Ce système XML permet également à tout utilisateur de Gecko de personnaliser facilement l’interface de son logiciel. AOL a déjà annoncé qu’il utiliserait Gecko et XUL pour donner des capacités Web à Winamp, le lecteur de MP3 bien connu racheté par AOL. D’autres sociétés et pas des moindres, se sont également déclarées intéressées par Gecko : IBM, Intel, Nokia, RedHat, Sun… Vrai que sur le papier, Gecko présente beaucoup d’avantages par rapport à l’Internet Explorer de Microsoft. En effet, s’ils sont gratuits tous les deux, Gecko est, lui, développé sur le modèle des logiciels libres. Ce qui signifie que son code source est disponible pour tout le monde et librement modifiable par ceux qui l’adopteront. Microsoft n’a pas vraiment montré une volonté d’aller dans ce sens. »Netscape s’endort-il sur son navigateur ? », nous demandions-nous il y a quelques mois (voir édition du 24 décembre 1999). Si les promesses de Gecko sont tenues, l’attente sera peut-être justifiée.Pour en savoir plus : * Mozilla, le groupe de développement du prochain Navigator * Un descriptif technique de Gecko (en anglais)