Le service de webmail Gmail de Google n’est pas encore lancé qu’il s’attire déjà des ennuis. Il est vrai que le modèle économique, basé sur l’incrustation de publicités dans le corps du courrier électronique à partir d’une analyse « sémantique » de son contenu (voir édition du 2 avril 2004), est sujet à polémique. « Nous pensons que c’est une intrusion absolue dans la vie privée », a déclaré à Reuters le sénateur américain Liz Figueroa, « cela revient à avoir un imposant panneau d’affichage dans son habitation. » Pour le sénateur démocrate, Google n’a d’autre solution que d’annuler son projet. Rappelons que Gmail propose jusqu’à 1 Go d’espace de stockage des courriels ainsi qu’un service de classement thématique automatique. L’idée de Google étant de proposer la conservation de la correspondance électronique à vie.
Traitement automatique
Gmail est actuellement en phase de test avec un nombre limité d’usagers. Google se défend bien sûr de toute intrusion dans la vie privée en précisant que le traitement des e-mails est purement automatique et qu’un nombre limité d’employés a accès aux contenus des serveurs, et ce uniquement dans le cadre de la maintenance des systèmes par ailleurs sécurisés contre les intrusions externes. D’autre part, aucune donnée personnelle n’est envoyée aux annonceurs. Le rapprochement entre les centres d’intérêt des internautes – qui ressortent de l’analyse de leurs courriels – et les annonces publicitaires est le fruit d’algorithmes de recherche et de classement. Si bien que Gmail se proposera de faire lui-même le ménage dans les spams, ces publicités non sollicitées envoyées en masse et dont il est difficile de déterminer la provenance.
Reste la question du stockage des données « à vie » et leur lieu d’enregistrement. Toujours selon Reuters, Gmail serait en contradiction avec les règles européennes car le système ne permettrait pas de supprimer les messages à loisir. Enfin, en cas de problème, de quelle législation dépendrait un courrier destiné à un utilisateur français mais conservé sur des serveurs situés aux Etats-Unis ? Autant de questions auxquelles Google devra répondre, tant sur le sol américain que sur le reste de la planète, s’il veut commercialiser son service.
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