Chris Urmson aura passé près de huit ans chez Google.
Arrivé début 2009* pour accompagner les travaux du groupe dans le domaine des voitures autonomes, il avait pris la tête de l’activité quatre ans plus tard, succédant à celui qui l’avait recruté.
En 2015, il avait pris du recul sur l’opérationnel, remplacé par John Krafcic. Ce vétéran de l’industrie automobile, ancien P-DG de Hyundai America, prenait le relais pour aborder la transition de la phase de recherche à la phase de commercialisation de la technologie.
L’orientation prise depuis lors n’aurait pas satisfait Chris Urmson, selon le New York Times, qui évoque des dissensions remontées jusqu’à Larry Page, principal dirigeant d’Alphabet, la maison mère de Google.
Dans le billet publié sur Medium pour officialiser son départ, l’intéressé n’évoque pas la situation en interne. Il se contente d’annoncer « un nouveau chapitre », tandis que du côté de Google, on salue ses contributions.
Avec plus de 2 millions de kilomètres parcourus sur les routes américaines et des dizaines de prototypes en circulation, le projet « Self-Driving Car » a fait ses preuves aux yeux des autorités californiennes en matière de sécurité. Fiat Chrysler s’est également rapproché de Google dans le cadre d’un partenariat non exclusif qui portera dans un premier temps sur une centaine de monospaces hybrides Pacifica modèle 2017.
Si l’heure est au dialogue avec régulateurs et constructeurs automobiles (Google ne souhaitant pas fabriquer ses propres véhicules), il reste une dimension d’innovation, comme en témoigne ce brevet déposé au printemps et relatif à l’intégration d’une couche autocollante au niveau du capot pour mieux protéger les piétons en cas de collision.
Difficile, par ailleurs, d’éclipser cette pression sur la firme de Mountain View, qui doit prouver aux investisseurs que le projet pourra un jour être bénéficiaire. Ce n’est pas le cas en l’état : le segment « other bets » sous la coupe duquel il est placé (et qui comprend aussi Google Fiber dans les télécoms ou Verily dans la santé) affiche, sur le 2e trimestre 2016, une perte d’exploitation sans précédent, à 859 millions de dollars, sur un chiffre d’affaires de 185 millions.
Le développement de la voiture autonome pourrait passer par son émancipation. Actuellement rattachée au laboratoire Google X dédié aux innovations de rupture en lien avec la robotique et l’intelligence artificielle, elle pourrait bientôt devenir une division indépendante. On aura repéré plusieurs indices dans ce sens, dont le récent recrutement d’un directeur juridique dédié.
Cette embauche est lourde de symbole à l’heure où les sociétés technologiques positionnées sur ce marché reconnaissent que la plus grande barrière est d’ordre législatif.
* Google avait repéré Chris Urmson après la victoire de son équipe de l’université de Carnegie Mellon dans un concours sur les voitures autonomes organisé par le ministère américain de la Défense. Auparavant, il avait travaillé sur des robots autonomes pour l’exploration de la planète Mars.
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