Parmi les péripéties que Google a rencontrées dans sa phase finale d’introduction en bourse, l’épisode de la diffusion d’un entretien des deux fondateurs dans Playboy est le plus croustillant. Dans sa dernière édition en date de septembre, le magazine de charme Playboy a publié une longue interview de Larry Page et de Sergey Brin. Ce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité américaine de régulation des marchés boursiers.
Les « Google guys » , pour reprendre le titre de l’article du magazine du célèbre lapin à noeud de papillon, évoquent la success story de Google sans toutefois faire de déclarations tonitruantes. Il est possible de consulter un court extrait sur Playboy.com mais les internautes sont ensuite invités à acheter l’édition papier pour découvrir l’intégralité de l’entretien.
Mais, la SEC n’a pas apprécié cette initiative médiatique. Celle-ci enfreint la réglementation stricte édictée pour encadrer les exercices de communication institutionnelle des sociétés engagées dans une procédure d’introduction en bourse (IPO). Selon une information parue jeudi dans l’édition électronique du Wall Street Journal, le gendarme de la bourse américaine a initié une enquête à ce sujet. Compte tenu de cette infraction, la SEC pourrait obliger Google à retarder son IPO sur le Nasdaq (qui regroupe les principales valeurs high tech du marché boursier américain).
La tension monte
Selon l’agence AP , à la décharge des deux fondateurs de Google, la direction de Playboy a déclaré que cet entretien avait été réalisé le 22 avril 2004, soit une semaine avant le dépôt officiel du dossier d’introduction en bourse. Il est vrai que, depuis la date de l’annonce officielle de l’IPO, aucun membre du comité de pilotage de Google n’a accordé d’interviews.
Les conséquences pourraient se révéler plus inquiétantes si la SEC reconnaît l’infraction. Vendredi, les deux managers pointés du doigt ont réagi à cette affaire à travers un communiqué déposé à la SEC : « Si notre implication dans un article d’un magazine (…) à propos de Google devait être considérée comme une violation de la loi boursière de 1933, nous pourrions être forcés de racheter les titres émis dans le cadre de cette introduction. », indiquent les fondateurs de Google. De quoi augmenter un peu plus la tension alors que Google aborde la phase finale de son IPO.
Plus tard dans cette même journée de vendredi, la SEC préfère jouer la carte de l’apaisement en faisant savoir que, malgré ce couac, elle ne retardera pas l’introduction en Bourse de Google. Mais jusqu’au bout, cette IPO aura tenu la communauté financière en haleine.
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