Officiellement présentées en mai 2012, les lunettes connectées Google Glass ont trouvé un écho sur le marché BtoB, mais le grand public y reste globalement indifférent.
Ce constat, Reuters l’établit en ayant pris la température auprès des utilisateurs, des industriels… et des développeurs. Ces derniers semblent se désintéresser du projet, tout particulièrement au regard des tergiversations de Google, qui hésite encore à commercialiser le produit à grande échelle après plus de deux ans en bêta-test.
Les lunettes ont bien été mises en vente, mais auprès d’un public restreint. Leur distribution a débuté en avril dernier aux Etats-Unis, avec l’ouverture au grand public du programme Glass Explorer, destiné à évaluer les usages « mass market » du produit avant une éventuelle commercialisation.
En juin, la disponibilité s’est étendue au Royaume-Uni. Pour acquérir une paire de Google Glass dans d’autres pays, il fallait miser sur l’initiative de certains sites e-commence. En France, c’est QoQa.fr qui avait mis plusieurs exemplaires en vente le 2 avril 2014, au tarif de 1799 euros TTC. La stratégie s’est ensuite orientée sur les boutiques physiques, avec en tête de liste les réseaux d’optométristes.
Le périmètre de distribution reste toutefois confidentiel. Et Google n’a toujours pas annoncé de date pour une disponibilité générale. Si bien que l’enthousiasme semble laisser place au doute : on voit régulièrement passer, sur les principaux sites Internet de vente entre particuliers, des Google Glass proposées parfois à moitié prix.
A l’heure où les écrans sont omniprésents dans notre quotidien, le concept s’ancre dans l’ère du temps. Mais le prix reste une barrière importante. Il y a plus d’un an, l’expert du Net Robert Scrobble estimait que l’une des conditions pour que le produit devienne « mainstream » serait de passer sous la barre des 300 dollars. Ce qui, selon lui, ne serait pas réalisable avant l’horizon 2016.
Du côté des développeurs, on fait aussi grise mine. Il existe aujourd’hui une centaine d’applications officielles compatibles, mais les projets avortés se multiplient. C’est le cas chez plus de la moitié des contributeurs interrogés par Reuters. Ces derniers déclarent généralement avoir abandonné leur(s) développement(s) à cause d’un manque d’utilisateurs. Certains déplorent « les spécifications techniques limitées » des Google Glass. Et plusieurs d’entre eux préfèrent se tourner vers d’autres objets connectés, parmi lesquels le casque à réalité virtuelle Oculus Rift.
Les forces vives s’amenuisent aussi chez Google : plusieurs employés impliqués dans le projet ont quitté le groupe Internet au cours des derniers mois. Notamment Ossama Alami (directeur des relations avec les développeurs) et Babak Perviz (professeur en génie électrique, à l’origine de lentilles de contact intelligentes et parti chez Amazon cet été).
Du côté de Google, on assure qu’il y aura bien un lancement grand public… Tout en reconnaissant que pour le moment, les principaux débouchés se trouvent dans le monde de l’entreprise. Illustration avec la SNCF, qui a lancé, fin octobre, une expérimentation avec ses agents de contrôle sur une ligne iDTGV. L’éditeur allemand SAP est lui aussi dans la boucle. Il développe, depuis le printemps 2013, des applications dédiées de réalité augmentée qui pourraient être déployées dans le cadre d’activités industrielles ou logistiques.
Pour soutenir le développement des ses lunettes connectées en milieu professionnel, Google a aussi lancé le programme « Glass at Work« , dans le cadre duquel une « certification » a été délivrée à plusieurs start-up et PME innovantes.
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