Sous la nouvelle organisation Alphabet, Google a davantage de latitude organisationnelle pour creuser le sillon des sciences de la vie.
Après s’être associée à Novartis pour développer des lentilles connectées, puis à Sanofi* sur la gestion du diabète, la firme américaine se rapproche de GSK.
Le groupe pharmaceutique britannique détiendra 55 % de la coentreprise créée pour l’occasion. Google – ou plus précisément Verily Life Sciences, filiale de la holding Alphabet – contrôlera le reste du capital.
La nouvelle entité, dont la constitution effective est prévue d’ici à la fin de l’année, sera nommée « Galvani Bioelectronics », en référence à Luigi Aloisio Galvani. Ce scientifique et philosophe italien fut l’un des premiers à explorer le domaine de la bioélectricité en découvrant, lors d’expériences menées en 1780 sur des cuisses de grenouille, que la stimulation du nerf sciatique avec deux morceaux de métal entraînait une réaction musculaire.
Le budget de la joint-venture s’échelonnera sur 7 ans, avec un plafond fixé à 540 millions de livres sterling (632 millions d’euros). Un financement qui devra permettre la recherche, le développement et la commercialisation de traitements bioélectroniques, sous la forme d’implants capables de modifier les signaux traversant le système nerveux. GSK y entrevoit la possibilité d’éliminer les symptômes inhérents à l’arthrose, à l’asthme ou encore au diabète.
Le siège social de Galvani Bioelectronics sera situé à proximité de Londres, dans le centre R&D que GSK a installé à Stevenage. Un deuxième laboratoire se trouvera au sein des locaux de Verily, dans le sud de San Francisco.
Galvani Bioelectronics fonctionnera initialement avec un effectif d’une trentaine de scientifiques, ingénieurs et médecins. GSK y injectera les fruits de ses travaux menés depuis 2012 sur les implants bioélectroniques (une cinquantaine de partenariats de recherche revendiqués et un fonds d’investissement dédié de 50 millions de dollars).
Il s’agira, dans un premier temps, d’établir des preuves de concept cliniques sur les désordres inflammatoires, les troubles métaboliques et les perturbations endocriniennes. Google apportera son expertise dans l’analyse de données, l’électronique miniaturisée et la conception de puces basse consommation.
Moncef Slaoui, le « monsieur vaccin » de GSK (dont le départ est confirmé pour l’année prochaine), présidera le conseil d’administration de la coentreprise, auquel siégeront 6 autres membres, dont Andrew Conrad, CEO de Verily et cofondateur, aux États-Unis, de l’Institut national de la génétique. Aux rênes de Galvani Bioelectronics, on retrouvera Kris Famm, actuel vice-président aux activités R&D en biotechnologies chez GSK.
Ce partenariat est symbolique de la diversification des activités de Google au-delà des services en ligne. Des projets d’avenir qui portent aussi sur les télécoms, la voiture autonome ou l’Internet des objets… mais qui sont encore loin d’être rentables, comme l’ont illustré les derniers résultats financiers d’Alphabet.
* Google et Sanofi avaient fait part, à l’été 2015, de leur intention de combiner leurs expertises pour travailler sur le traitement du diabète. La coentreprise montée via leurs filiales respectives Google Life Sciences (qui allait devenir Verily quelques mois plus tard) et Aventis avait reçu le feu vert de la Commission européenne début 2016.
Crédit photo : Bacho – Shutterstock.com
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