La mutation de Google en portail se poursuit, au grand dam de Yahoo, MSN et AOL. Après avoir inauguré en avril 2004 la messagerie en ligne Gmail, qui compte aujourd’hui près de 2 millions d’utilisateurs, le moteur de recherche lance aujourd’hui la messagerie instantanée Google Talk. Un outil gratuit qui intègre également un service de téléphonie d’ordinateur à ordinateur, à l’instar des principales solutions concurrentes comme Yahoo Messenger, dotée d’un tel service depuis peu (voir édition du 10 août 2005), MSN Messenger et AOL Instant Messenger.
Google Talk se distingue toutefois de ces solutions, tout d’abord dans la mesure où il est exempt d’espaces publicitaires. Une volonté clairement affichée par le moteur américain. « Il faut penser avec prudence à la publicité associée à la messagerie instantanée, a indiqué au quotidien Business Week, George Harik, directeur de la gestion produit chez Google. Ce n’est pas vraiment la meilleure plate-forme où insérer des publicités. »
Un protocole standard et open source
D’autre part, le moteur de recherche a basé son nouvel outil sur un protocole de communication standard et open source, Jabber, à la différence de ses rivaux qui ont opté pour un protocole propriétaire. Les conséquences sont de taille : Google offre non seulement la possibilité d’utiliser un autre logiciel client que le sien pour se connecter à son réseau de messagerie instantanée, mais ouvre également la voie à l’interopérabilité des différents réseaux.
« Les utilisateurs d’autres outils de messagerie instantanée devraient pouvoir contacter leurs amis utilisant Google Talk, simplement en ajoutant leur nom d’utilisateur Gmail », a indiqué George Harik. Pour faire de ce souhait une réalité, le moteur américain a entamé les discussions notamment avec AOL et Yahoo, et envisage de contacter très prochainement Microsoft, la maison mère de MSN.
Néanmoins, Google ne montre pas vraiment l’exemple. Il devrait permettre aux utilisateurs de sa messagerie instantanée de communiquer avec les utilisateurs d’ICQ et d’iChat, deux services basés sur Jabber, le premier fourni par AOL et le second par Apple. Il devrait également leur offrir la possibilité de contacter les 5 millions d’internautes utilisant le logiciel client fourni par la Jabber Software Foundation, qui a conçu le protocole de communication. Or aujourd’hui, les utilisateurs de Google Talk peuvent uniquement communiquer avec d’autres membres du même réseau.
Le moteur de recherche va donc rencontrer quelques difficultés à promouvoir l’interopérabilité des réseaux de messagerie instantanée auprès de ses concurrents, qui vont essayer de préserver leurs parts de marché. Selon ComScore Media Metrix, AIM comptait 41,6 millions d’utilisateurs américains en juillet dernier, Yahoo Messenger 19,1 millions et MSN Messenger 14,1 millions.
Réservé aux adeptes de Gmail
Par ailleurs, Google réserve sa messagerie instantanée aux internautes disposant d’un compte Gmail. Pour ouvrir un tel compte, il faut avoir reçu au préalable une invitation de la part d’une personne déjà enregistrée. Les Etats-Unis font ici figure d’exception : Google offre aujourd’hui la possibilité à tous les Américains d’utiliser sa messagerie en ligne. Unique condition : disposer d’un téléphone mobile, toute nouvelle inscription étant vérifiée par SMS pour lutter contre le spam.
A ce jour, Google Talk peut être installé uniquement sur les ordinateurs équipés de Windows XP/2000. Mais le moteur américain envisage de distribuer des versions de son outil pour les systèmes Mac OS X et Linux. En attendant, d’autres solutions supportant ces deux systèmes peuvent être utilisées pour se connecter au réseau de Google Talk : Adium, GAIM, iChat, Psi et Trillian Pro. Toutefois, seul Google Talk intègre un service de voix sur IP.
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