« Suite à l’application de la loi américaine sur le copyright intitulée Digital Millennium Copyright Act (DMCA), nous avons éliminé 11 résultats de cette page. Si vous le souhaitez, vous pouvez prendre connaissance de la réclamation DMCA ayant entraîné l’élimination de ces résultats. » Tel est le surprenant message qui apparaît en bas de la page de résultats après une requête sur les termes « Kazaa » ou « Kazaa Lite » dans le moteur de recherche Google. Une autocensure imposée par Sharman Networks qui, via le cabinet d’avocats Stubbs Alderton & Markiles, a envoyé le 11 août 2003 une injonction à l’entreprise Google lui demandant d’éliminer, ou de désactiver, les liens vers des sites de téléchargement des clones de Kazaa, tel Kazaa Lite. Google s’est donc plié à l’injonction.
Rappelons que Kazaa Lite, ou encore Kazaa Lite K++, sont des versions modifiées – épurées de tout spyware et publicité – de Kazaa Media Desktop, l’application originale éditée par Sharman Networks. Lequel n’apprécie guère cette concurrence déloyale, surtout depuis que son logiciel existe également sans publicité… mais en version payante (voir édition du 29 août 2003). Détail amusant : en proposant un lien vers l’injonction en question, Google révèle indirectement les URL censurées, leur faisant presque plus de publicité qu’à travers son propre moteur. Autre paradoxe : on retrouve dans cette liste Kazaagold.com, qui apparaît également dans la liste des liens commerciaux !
Une efficacité douteuse
On peut d’ailleurs s’interroger sur les vraies motivations qui poussent Sharman Networks à censurer Google. Car si ce dernier est probablement devenu le moteur de recherche le plus populaire, il est loin d’être le seul à délivrer des informations sur Kazaa Lite. Une recherche sur Yahoo.com, par exemple, présente des liens vers Kazaalite.de ou kazaalitekpp.com. Une réalité qui n’a certainement pas échappé aux dirigeants de Sharman Networks. Par ailleurs, les quinze URL désignées par le cabinet d’avocats ne couvrent pas l’ensemble des serveurs qui proposent le téléchargement du logiciel incriminé. Sur Google.com, « kazaalitekpp.com » apparaît dès la première page. La pertinence de l’injonction et son efficacité sont donc plus que discutables. Sharman Networks cherche-t-il simplement à faire bonne figure devant la justice américaine avant le procès que lui intente la RIAA, l’association de défense de l’industrie musicale américaine ?
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