Google+ prend des airs de ville fantôme
Malgré les largesses d’une base de calcul permissive, le couperet s’abat sur Google+, dont 75% des 400 millions de membres sont de simples inscrits et non des utilisateurs actifs.
L’autosatisfaction est de mise pour Google, à l’heure d’évoquer la popularité grandissante de son réseau social : 400 millions d’utilisateurs au dernier pointage, comme le souligne le vice-président de l’ingénierie Vic Gundotra.
Peut-être eût-il été plus approprié, pour l’intéressé, de s’exprimer en termes d’inscrits. Et pour cause : parmi tous ces membres, seuls 100 millions sont réellement actifs.
Au regard des statistiques, 75% des profils reposent en paix, sans aucune mise à jour, pas même la publication d’un quelconque statut.
Et la base de calcul s’avère permissive : ne sont considérés inactifs que les utilisateurs qui se connectent moins d’une fois par mois, que ce soit via l’interface Web (plus.google.com) ou l’application mobile pour smartphones et tablettes.
En juin dernier, lors de la conférence annuelle Google I/O, Vic Gundotra s’était montré plus optimiste, non sans recourir à un artifice.
Tout détenteur d’un profil sur le réseau social était considéré impliqué dès lors qu’il apposait une mention +1 sur un contenu ou qu’il lisait une vidéo sur YouTube.
Dans l’absolu, la lecture des chiffres bruts (400 millions de comptes ouverts sur la plate-forme) décrit une forte croissance pour Google+, qui totalisait 40 millions d’utilisateurs 4 mois après son lancement en juin 2011.
Mais après 15 mois, malgré les allusions de certains analystes, le leadership de Facebook semble encore inaccessible. Le réseau social de Mark Zuckerberg approche du milliard de membres, quoique les profils fantômes y sont tout autant légion.
Google a pourtant multiplié les innovations, initialement pour prendre une longueur d’avance sur ses concurrents, puis progressivement pour renouer le contact avec des internautes qui s’en sont globalement détournés.
Initialement inaccessible au grand public, Google+ s’est finalement ouvert, en septembre 2011, à tous les internautes, sans limites d’âge ni contraintes géographiques. Il est sur-le-champ entré dans le top 10 des réseaux sociaux les plus fréquentés.
En octobre, le hashtag (symbole du dièse utilisé comme marqueur d’intérêt) jusqu’alors propre à Twitter a fait une apparition remarquée, au même titre qu’une fonctionnalité de recherche instantanée.
Dans une logique d’ouverture aux entreprises, s’est amorcée l’intégration des Google Apps, tout particulièrement l’actuel Drive, alors connu sous l’appellation Documents.
Ont suivi les Brand Pages, ces équivalents des Fan Pages de Facebook, par lesquelles les marques peuvent se mettre en avant et pimenter leur interaction avec le consommateur.
Fin 2011, des innovations moins ciblées ont émergé. Ce fut le cas de la reconnaissance faciale, non sans suspicions quant aux éventuelles atteintes à la confidentialité que revêtait la démarche.
Passé l’ouverture aux mineurs à partir de 13 ans, l’avènement du printemps a marqué une refonte significative de l’interface graphique, alors que Google+ comptait officiellement 170 millions d’inscrits.
Des passerelles se sont ensuite montées avec la messagerie Gmail et le guide Zagat, pourvoyeur de recommandations locales, touristiques et gastronomiques.
Plus récemment, pour souffler sa première bougie, Google+ s’est décliné sur les tablettes numériques (d’abord Android, puis l’iPad) et s’est doté d’un outil collaboratif destiné à simplifier la planification d’événements.