Google pourrait aider Yahoo à riposter à Microsoft

Mobilité

Pour Google, l’éventuel rachat de Yahoo par Microsoft soulève des questions « troublantes ». Une riposte est attendue.

Deux jours après l’OPA de Microsoft sur Yahoo, d’un montant qui pourrait atteindre 30 milliards d’euros, Google est sorti de sa réserve concernant cette offre qu’il juge « hostile » et dont il considère qu’elle pose des « questions troublantes ».

Dans un billet daté du 3 janvier 2008, David Drummon, vice-président des affaires juridiques du groupe, estime qu’un tel rachat représente « plus qu’une simple transaction financière » et pose un réel enjeu quant à la préservation « des principes mêmes de l’Internet : l’ouverture et l’innovation ». Principes qui ont selon lui rendu possible « l’émergence de Google – et Yahoo! ».

Position dominante sur la messagerie instantanée et les webmails ?

Au rang des questions que ne manqueraient pas de susciter un tel rapprochement, David Drummon s’interroge sur une éventuelle stratégie de Microsoft qui consisterait à « exercer sur Internet le même type de pouvoir inapproprié et illégal que celui qu’il exerce sur le PC ». Il souligne au passage que le groupe de Redmond a « fréquemment cherché à établir des monopoles propriétaires pour ensuite exercer sa dominance sur de nouveaux marchés ».

David Drummon ajoute que la combinaison de Microsoft et de Yahoo! donnerait au nouvel ensemble « une part écrasante des comptes de messagerie instantanée et de webmail », en sus des « deux portails enregistrant le plus important trafic sur Internet ». Une telle avance est-elle « susceptible de limiter injustement la capacité des consommateurs à accéder aux services d’e-mail, de messagerie instantanée et aux services Web des concurrents », questionne Google, qui est lui-même sévèrement critiqué pour la position dominante que pourrait lui donner le rachat de la régie DoubleClick sur la publicité en ligne.

La réponse de Microsoft

Le son de cloche est évidemment différent du coté de Microsoft. Dans un communiqué du 3 janvier, Brad Smith, conseiller juridique de Microsoft, affirme que « Microsoft s’engage pour l’ouverture, l’innovation et la protection de la vie privée ». Des engagements pour lesquels il considère qu’un rapprochement serait bénéfique.

Quant aux questions de monopoles sur la recherche, il rétorque : « Selon les rapports publiés, Google enregistre actuellement plus de 65% de parts de requêtes aux Etats-Unis et plus de 85% en Europe. A eux deux, Microsoft et Yahoo ne captent en revanche que 30% aux Etats-Unis et environ 10% en Europe ».

Une alliance Google Yahoo en vue ?

Reste que les questions sur une éventuelle réaction de Google se multiplient depuis l’annonce de cette OPA. Selon Reuters, Yahoo envisagerait « de reprendre contact avec Google, premier moteur de recherche sur internet, avec qui il avait discuté pendant plusieurs mois d’une alliance alternative ».

Si l’on en croit l’édition du jour du Wall Street Journal, le premier pas a été fait par Eric Schmidt, PDG de Google, qui a contacté Jerry Yang, son homologue de Yahoo, pour lui offrir « l’aide de sa compagnie pour tout effort visant à contrarier Microsoft ». Une aide dont de nombreux analystes estiment qu’elle ne pourrait se résumer à un rachat, par respect des lois antitrust, mais pourrait inclure une alliance publicitaire autorisant Yahoo à utiliser les liens publicitaires de Google.