N’en déplaise à Jean-Noël Jeanneney, le président de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), la « bibliothèque numérique » Google Print arrive en France. Le moteur américain lance officiellement son programme d’affiliation destiné aux maisons d’édition françaises. Il souhaite maintenant multiplier les accords avec les éditeurs et numériser les ouvrages qui iront nourrir l’index français de son outil de recherche spécialisé.
Les discussions entre Google et l’industrie française du livre ont commencé au printemps dernier. Elles ont déjà abouti sur des accords, concernant uniquement des oeuvres protégées par le copyright anglo-saxon. Pour les ouvrages commercialisés en France, « la plupart [des éditeurs] préférent passer un accord soumis à la législation française sur le droit d’auteur », a précisé à Libération John Lewis Needham, le responsable de Google Print en France. « Nous sommes en train de terminer un modèle adapté. »
La numérisation des livres fournis par les maisons d’édition françaises sera assurée par le siège social du groupe, basé à Mountain View aux Etats-Unis, en attendant l’ouverture d’un atelier en Europe. Au final, l’intégralité des textes sera indexée par Google Print, à l’exception d’au moins une page par chapitre pour empêcher le piratage tant redouté par certains éditeurs.
Des commissions pour les éditeurs
Les frais d’expédition et de numérisation des livres seront pris intégralement en charge par Google, qui proposera son outil de recherche aux internautes français lorsque son index aura atteint une taille critique. Les résultats de Google Print seront, dans un premier temps, intégrés à ceux du moteur de recherche généraliste, avant d’être présentés sur un site dédié. Les maisons d’édition commenceront alors à percevoir une commission sur les revenus générés par les liens sponsorisés.
Google commence à signer des contrats avec les éditeurs en France, mais aussi en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Portugal et aux Pays-bas. Il inaugure, dans le même temps, le lancement de Google Print dans une douzaine de pays anglo-saxons, parmi lesquels le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du sud.
Un projet suspendu aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, où le moteur de recherche indexe plus de 100 000 ouvrages, celui-ci a récemment suspendu la numérisation des oeuvres qui ne sont plus en circulation mais qui sont toujours protégées par le droit d’auteur (voir édition du 16 août 2005). Cette interruption, qui durera au moins jusqu’à novembre prochain, vise à laisser le temps aux maisons d’édition concernées d’indiquer si elles souhaitent ou non que leurs textes soient mis à la disposition de tous sur le Net.
Google soutient par ailleurs le projet de création d’une bibliothèque numérique européenne, lancé en mars dernier par la France à l’initiative de Jean-Noël Jeanneney (voir édition du 16 mars 2005). Baptisé « Quaero », celui-ci est l’un des tous premiers projets présentés à l’Agence de l’innovation industrielle, inaugurée par Jacques Chirac le 30 août dernier (voir édition du 30 août 2005).
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