Le gouvernement place l’innovation transversale sur un piedestal
40 mesures « emblématiques » sur l’innovation ont été exposées. Tout l’écosystème est arrosé (start-up, PME innovantes, fonds…) et toutes les forces sont mobilisées (Bpifrance…).
Le gouvernement vient de dévoiler un plan fédérant « 40 mesures transverses sur l’innovation« .
Un programme qui entre dans le prolongement de rapports déjà établis à ce sujet par Jean-Luc Beylat et Pierre Tambourin (« L’innovation, un enjeu majeur pour la France », avril 2013) ou par la commission Innovation 2030 présidée par Anne Lauvergeon (« Un principe et sept ambitions pour l’innovation », octobre 2013).
Ces nouveaux dispositifs s’intègre dans une certaine mesure à d’autres projets ambitieux du gouvernement comme les 34 plans industriels ou se fondent dans le paysage de l’innovation à travers les pôles de compétitivité.
Mardi matin, à Bercy, Arnaud Montebourg (Redressement productif), Fleur Pellerin (PME-Innovation-Economie numérique) et Geneviève Fioraso (Enseignement supérieur et Recherche) ont donc présenté donc une série de mesures « emblématiques ».
Elle ont été émises sur fond d’un constat : en matière d’innovation, la France serait placée en 11ème en Europe et 16ème dans le monde.
« Malgré ses atouts, la France risque de décrocher dans la compétition mondiale pour l’innovation », précise le ministère de l’Economie et des Finances.
Si ce n’est pas déjà le cas, souffleraient les détracteurs à la tendance décliniste…
Dans la série des 40 propositions formulées par le gouvernement, il n’est pas toujours évident de discerner celles entrant dans la catégorie « mesures volontaristes de bon aloi » (par exemple « Soutenir l’innovation dans toute sa diversité », c’est toujours bon à prendre) et celles beaucoup plus pragmatiques répondant à des vrais enjeux.
Néanmoins, on décèle quelques pistes intéressantes à creuser : « attirer les talents de l’innovation en France par la mise en place d’un programme « nouveaux argonautes ».
Ou comment inciter les entrepreneurs français expatriés à se tourner vers la France pour créer des nouveaux emplois.
« Une offre dédiée sera proposée aux talents de l’innovation ». Elle visera notamment les 50 000 Français installés dans la Silicon Valley. Loïc Le Meur (fondateur du Web installé à San Francisco), si cela te tente…
Autre mesure exposée : la création d’une start-up « quel que soit le point de départ », avec la création d’une « bourse des nouveaux entrepreneurs ».
Il s’agit d’un concours doté de 10 millions d’euros par an et d’un accompagnement de jeune pousse « dans la durée » mis en place avec Bpifrance.
Dans le prolongement, un programme spécifique au format « accélérateur de start-up » sera établi et s’intègrera dans l’émergence des « Quartiers numériques ».
La protection de la propriété intellectuelle constitue également un volet essentiel pour faire fructifier l’innovation.
Dans le cadre du programme d’Investissements d’avenir, un fonds souverain de propriété industrielle sera érigé « pour soutenir les filières émergentes et mieux valoriser le savoir-faire de nos entreprises ».
Dans une interview accordée au Monde, Fleur Pellerin énonce les freins à l’innovation en France.
« Nous n’arrivons pas à transformer le produit de la recherche en des objets ou des services qui vont rencontrer une demande, un besoin, un marché et des utilisateurs. La confusion systématique entre R&D et innovation, c’est un vrai problème ! Pour la formation, nous n’encourageons pas assez la prise de risque, l’esprit d’entreprendre, la créativité. »
Tout en poursuivant : « Et puis nous gardons la culture du ‘ jardin à la française’, de la planification, c’est un peu le défaut d’un esprit cartésien… alors que l’innovation, c’est le foisonnement du bazar au pied des grandes cathédrales ! »
Bpifrance prend le Large Venture
Logiquement, dans le cadre de ce dispositif gouvernemental spécial, Bpifrance sera mise à contribution à travers son pôle innovation.
Le plan Nova permettra « d’accompagner la croissance des PME innovantes pour en faire des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) de rang mondial ».
Le fonds Large Venture rattaché à la banque publique d’investissement sera doté d’une capacité d’intervention de 500 millions d’euros.
Autre force de frappe : le « fonds de fonds » de 600 millions d’euros dédié notamment à des interventions sectorielles.
Là aussi, il sera géré par Bpifrance dans le cadre du programme d’Investissements d’avenir.
Le Commissariat général à la stratégie et à la perspective d’Yves Gallois apportera sa pierre à l’édifice à travers le nouveau Fonds national d’innovation.
Celui-ci reposera sur trois piliers : « soutien à l’innovation d’usages et de procédés » mais aussi au « développement de la culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat », « création d’un outil stratégique en matière de propriété intellectuelle ».
Selon Les Echos, Jean-Marc Ayrault avait indiqué la veille lors d’une visite à Saint-Etienne que le Fonds national d’innovation serait doté d’une enveloppe de 240 millions d’euros.
Une proportion de 100 millions servira à protéger et valoriser la propriété intellectuelle et une autre tranche de 120 millions à soutenir des innovations dites non technologiques (design…) via des avances remboursables.
La question des moyens financiers mis à disposition est centrale.
Le gouvernement a déjà ré-alloué des volants budgétaires sur le premier plan d’Investissements d’avenir (plus de deux milliards d’euros ré-orientés vers le soutien à l’innovation comme le numérique, la santé ou le capital-investissement).
Et un deuxième programme similaire d’un montant global de 12 milliards d’euros va prendre le relais. Toujours en jouant la carte de l’innovation.
Pour mobiliser toutes les ressources de financement des PME innovantes et des start-up, le gouvernement déclare son intention « d’améliorer l’impact des dispositifs en faveur du capital-investissement et de l’action des business angels ».
Tout en favorisant le recours au financement participatif (« crowdfunding »).
D’autres mesures sont déjà inscrites par voie de politique budgétaire sur 2014. Notamment la réforme du régime des jeunes entreprises innovantes ou l’incitation fiscale au « corporate venture » pour pousser les grandes entreprises à investir dans des start-up.
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