GPS : Qui veut la peau de TomTom ?

Mobilité

L’étude d’une mystérieuse fondation hollandaise descend en flammes les produits leaders sur le marché européen des navigateurs GPS.

« Tous les jours, nos navigateurs font passer des voitures par une immense zone résidentielle qui s’appelle Paris, et, à ce que je sache, cela n’augmente pas le taux d’accident », enfonce Benoît Simeray, vice-président des ventes Europe du Sud et Amérique du Sud chez TomTom, pour qui le travail de la « Stichting Onderzoek Navigatiesystemen » est « ridicule, faux et mal réalisé ».

Naturellement, le constructeur de GPS tend à mettre en avant plusieurs études qui montrent qu’au contraire « les GPS réduisent le stress subi par les conducteurs et renforcent leurs capacités d’attention. »

« De la pub sur le dos de TomTom »

Deuxième question qui surgit à la lecture du rapport néerlandais : pourquoi avoir mélangé les choux et les carottes ? L’étude compare en effet surtout des logiciels de navigation GPS destinés aux téléphones portables. Et une seule gamme de navigateurs GPS, les TomTom. Les Becker, Garmin et autres Navigon ne sont pas pris en compte. Apparemment, pour des raisons de coût. « Lorsque nous avons constaté que tous les logiciels pour téléphones mobiles – sauf un – étaient de piètre qualité, nous avons décidé d’incorporer les produits TomTom », certifie le mystérieux G.J.M. Dijkstra.

Selon le scénario officiel, les trois personnes qui ont créé la fondation ont tout financé sur leurs propres deniers : « l’achat des appareils, les tests, etc. sont revenus, au total à 5 000 euros, précise G.J.M. Dijkstra. Le plus cher, dans tout cela, a été de faire traduire notre communiqué de presse en 21 langues. »

Une attitude que dénonce le représentant de TomTom. « Ils ont voulu se faire de la pub en tapant sur le leader du marché, c’est-à-dire nous, estime de son côté Benoît Simeray. Leur étude est sortie en Hollande au début du mois de décembre. Les responsables de notre siège social [NDLR : TomTom est une société hollandaise] ont tenté d’entrer en contact avec cette fondation. En vain. Aux Pays-Bas, cette étude n’a d’ailleurs été reprise que par deux publications. »

Mystérieux Nav4all

Troisième et dernière question : à qui profite la situation ? A Nav4all, le logiciel cité en exemple par la fondation ? Il est vrai que ces logiciels permettant de transformer un téléphone portable ad hoc en navigateur GPS se multiplient. Beaucoup, comme Nav4all, sont téléchargeables gratuitement (ils espèrent se rémunérer plus tard en vendant les profils de leurs utilisateurs ou faisant payer à ces derniers un abonnement symbolique : un euro par an… ). Toute manoeuvre visant à se démarquer de la concurrence peut donc être bonne à prendre…

Malheureusement, impossible de savoir qui se cache derrière Nav4all. Le site Internet renvoie vers un standard téléphonique – en Hollande – dont l’hôtesse répond (en anglais) que « personne n’est disponible pour l’instant et qu’il faut envoyer un mai à support@nav4all.com ».

Un certain Hennie J.M. Groot Koerkamp, qui se présente comme le PDG de Nav4all, nous a rappelé par téléphone.Il assure ne pas être en affaires avec la Stichting Onderzoek Navigatiesystemen, mais reste très vague sur son actionnariat. G.J.M. Dijkstra nie également tout lien entre sa fondation et Nav4all.

Interrogée par courrier électronique, Navteq, la société américaine devenue filiale de Nokia (mais en partie d’origine hollandaise puisqu’elle fut financée à ses débuts, entre autres, par Philips) qui fournit les cartes à Nav4all, a répondu n’être qu’un simple prestataire et ne pas avoir de relations capitalistiques avec ce client.

L’intriguante Stichting Onderzoek Navigatiesystemen n’a visiblement pas encore dévoilé tous ses secrets.