Comment savoir si le sous-traitant de Canton, en Chine, à qui l’on souhaite confier la fabrication d’un navigateur GPS ou d’un hélicoptère radio-commandé pour enfants est « écologiquement et socialement responsable », c’est-à-dire qu’il n’emploie pas d’enfant, ne consomme pas trop d’eau, n’émet pas trop de C02, etc. ?
La question se pose avec de plus en plus d’acuité : les ONG (Organisations Non-Gouvernementales ) et la justice sont en effet de plus en plus promptes à dénoncer et condamner les entreprises qui ferment les yeux sur les pratiques douteuses de leurs fournisseurs.
« Dès qu’une entreprise nous demande des renseignements sur un fournisseur, nous évaluons celui-ci selon 23 critères qui vont de l’émission de CO2 à la corruption, en passant par la sécurité des travailleurs », affirme Pierre-François Thaler, PDG et co-fondateur et ancien responsable de l’outsourcing chez Ariba (systèmes d’informations achats).
Veille stratégique pour avoir une vue d’ensemble
Evidemment, pour ce prix-là, la plupart du travail est effectué depuis la France. « Nous demandons au fournisseur, par exemple, la copie du certificat Iso 14001 de politique environnementale [NDLR : la norme Iso 14001 repose sur l’amélioration continue des performances environnementales, mais n’établit pas d’exigence en matière de niveau des performances], nous vérifions le périmètre que couvre ce certificat : une seule gamme de produits ? tous les produits ? une partie du process ? un seul site ? », détaille Pierre-François Thaler.
Que se passe-t-il si le fournisseur n’est pas certifié ? « Nous tentons d’évaluer ses pratiques de management dans ce domaine, par exemple, en lui demandant s’il a mis en place une procédure d’évaluation de son impact sur l’environnement… « , poursuit Pierre-François Thaler.
Heureusement, Ecovadis ne se contente pas d’analyser les déclarations des fournisseurs et les justificatifs que ceux-ci envoient. La presse locale est régulièrement lue, tandis que les acteurs sociaux du secteur sont consultés.
« Nous réalisons une veille auprès d’une cinquantaine d »organismes qui peuvent être aussi bien desONG spécialisées dans les problèmes d’environnement en Asie que des grandes instances internationales comme Amnesty International », poursuit Pierre-François Thaler.
Repérée par Microsoft et des « investisseurs privés »
Bien sûr, il arrive à ces organismes, comme à toute source d’information, de se tromper… Mais en s’appuyant sur les mouvements les plus vindicatifs dans le domaine de la responsabilité sociale et environnementale, on est certain de ne pas pouvoir être soi-même prix en défaut par eux ! En cas de doute, un audit peut également être déclenché sur place. Toutes les informations recueillies sont entrées dans une base de données mises à la disposition des abonnés à Ecovadis.
Cette plate-forme a été remarquée par le programme IDEES (Initiative pour le Développement Économique des Éditeurs de logiciels et des Start-up) de Microsoft, destiné à favoriser le développement des start-up françaises dans le domaine du logiciel.
L’entreprise, qui ne compte pour l’instant qu’une poignée de clients (dont Bouygues Telecom) et des fiches que sur quelques centaines de fournisseurs, affirme cependant n’avoir eu aucun mal à lever « un million d’euros en octobre dernier auprès d’investisseurs privés spécialistes du monde des achats, du développement durable et del’outsourcing. »
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